DARK LUNACY RPG
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Azarieth 18/12/2022

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Azarieth 18/12/2022 Empty Azarieth 18/12/2022

Message par Azarieth Mar 27 Déc - 22:56

Noctalis [E4]
Noctalis fit tournoyer son verre avec le bout de sa griffe. Elle faisait une pause, après tout ce qu’il y a eu à l’infirmerie, elle y avait un peu droit. Des heures –ou des jours– à surveiller les mêmes abrutis. Au moins, ça s’était un peu calmé. Ce n’était qu’une bande de fou… Mais où irait-elle sinon ? Et puis, ils n’étaient pas tous fous… Certains avaient encore l’esprit sain. Et qui ne voudrait pas d’une place au sein de la Dark Lunacy ?
« Encore un verre ? »
La jaguarienne leva ses yeux vers la barman –barwoman ? –, comment s’appelait-elle déjà ? Il y avait tellement de noms à retenir, ici. Elle soupira et repoussa le verre en remarquant :
« Non, ça ira, merci. »
Noctalis se leva et s’étira avant de sortir. Elle comptait juste se dégourdir les jambes et profiter du soleil avant de retourner dans l’infirmerie pour surveiller ces fous qui ne pensaient qu’à faire du mal. Entre l’officier de la cabale, le vampire, la fourmi mutante et le gros lézard, ça ne manquait pas de joyeuseté. Et qui sait ce qui avait pu se passer durant son absence… Si quelqu’un voulait se reposer après cet épisode de combat intense avec la Cabale et la perte de leur QG, ce n’était pas à l’infirmerie qu’il fallait aller. Peut-être devrait-elle se reposer aussi ou au moins s’occuper autrement…
Noctalis s’enfonça dans les bois entourant le QG, profitant du couvert des arbres et de la fraicheur de l’air. Alors qu’elle profitait à peine de son temps de répit, elle entendit un bruit sourd, lointain, et un autre, avant que des oiseaux s’envolent en criant, effrayé. Noctalis jeta un coup d’œil vers la forêt. Quelque chose n’allait pas. Elle ne saurait dire quoi exactement, ni comment elle savait… Peut-être le silence oppressant ou ce bruit sourd…
Elle jeta un coup d’œil à travers les arbres vers le QG de la Dark Lunacy. S’il y avait quelqu’un, personne ne faisait attention à elle. Noctalis se tourna donc vers la forêt et s’y enfonçant encore plus, prête à se battre avec ses griffes s’il le fallait. Fort heureusement, elle n’avait pas que ses griffes. Elle avait toujours ses épées sur elle, et sa magie. C’était un peu dur de s’en séparer…
Noctalis regarda autour d’elle, à l’affût de quoi que ce soit qui pouvait être dangereux. Elle finit par être sur les nerfs, à force de se méfier de tout, sursautant au moins bruit trop proche. Elle entendit bientôt des voix, proche, mais ne provenant pas de la même direction que le premier bruit qu’elle avait entendu.
Noctalis plissa les yeux, tentant de voir quelque chose. Deux humains progressaient dans les fourrées, assez discrètement. Ils essayaient clairement de ne pas se faire remarquer. Qui était-ce ? La Dark Lunacy ? Deux membres se serait aventurés pour enquêter ce même bruit ? Seulement deux membres ? Était-ce suffisant ? Noctalis n’arrivait pas à distinguer leur conversation, mais ils semblaient sur les nerfs et se diriger vers le bruit sourd. Étaient-ils liés ? Savaient-ils ce que c’était ?
Et si ce n’était pas des membres de la Dark Lunacy ? Et si la Cabale les avait retrouvés ? Dans ce cas-là, le bruit au loin pouvait être une nouvelle invention, une nouvelle arme, dangereuse, prête à détruire le nouveau QG de la Dark Lunacy. Et cette fois-ci, le QG était plein, rempli des membres déjà trop occupé pour se rendre compte du danger. Le bruit semblait bouger. Était-ce vraiment une arme ? La Cabale avait-elle recruté un monstre ? Les poils de Noctalis se hérissèrent rien qu’à l’idée. Le pire était que, même si elle s’inquiétait, elle ne pourrait rien faire seule. Elle pouvait toutefois attraper les deux humains, sûrement des éclaireurs, pour les ramener au QG et les interroger sur ce qu’il se passait. Noctalis doutait que la Cabale s’inquiète du sort de deux individus, surtout quand il s’agissait d’éradiquer les ennemis, l’épisode du Sanguin avait bien montré que la Cabale n’en avait rien à faire, mais peut-être que la Cabale s’inquièterait des informations fuitées.
Noctalis devait agir, et vite. Elle ne devait pas laisser les deux humains rejoindre leur camp, sinon ce serait trop tard. Sa seule chance était maintenant. Elle souffla un coup pour faire retomber ses poils puis se faufila rapidement entre les arbres, dégainant les épées. Elle fonça droit vers les humains. Elle devait prendre sa chance. Maintenant !
Elle sauta vers les deux humains, prête à les faire parler de force.

*

Keith [F1]
Il savait qu’il avait mauvaise mémoire, mais il était presque sûr que le QG se trouvait avec un peu plus de bâtiment autour, voire carrément en ville. Dès que le portail elfique se referma, les membres de la guilde se dispersèrent, chacun vaquant à leurs occupations. Même l’avocat se dirigea d’un pas décidé vers un des bâtiments. Pendant qu’une bonne poignée des membres étaient emmenés à bord des brancards ou dans les bras des proches venus les chercher, Keith regarda autour de lui. Le QG de la Dark Lunacy avait beaucoup changé depuis qu’il était venu.
Il ne savait pas vraiment où aller alors il entra dans ce qui semblait être le bâtiment principal. En tout cas, les personnes aussi avaient changé. Tout avait changé. Combien de temps s’était écoulé depuis qu’il était revenu au sein de la guilde ? Il ne pouvait s’être autant perdu, si ?
Il entra dans ce qui semblait être l’auberge, avec un bar et quelques tables. Des chaises étaient empilées dans un coin, montrant que la salle pouvait accueillir bien plus si besoin.
« Excusez-moi ? »
Keith se tourna vers la jeune femme derrière le bar. Elle le regardait d’un air méfiant. Après tout ce temps, il était possible qu’il était devenu un inconnu, un étranger, au sein de la guilde. Keith s’approcha et remarqua :
« Bonjour. Je… Je m’appelle Keith. Je suis un membre de la Dark Lunacy.
-Je ne t’ai jamais vu avant, remarqua la jeune femme, sceptique.
-Oui… Il semble que la guilde a beaucoup changé depuis la dernière fois. J’étais sûr que le QG était moins perdu que ça, avant…
-Il a brûlé. Ici, c’est le nouveau QG.
-Oh ! De quand date le déménagement ?
-Une semaine.
-Ah, donc c’est récent.
-Oui, je suppose.
-Et… Vous vous occupez du bar ?
-Je remplace Hoguira, pour l’instant.
-… C’est-à-dire ? Qui est-ce ?
-Vous faites vraiment parti de la guilde ?
-Oui. Je ne suis pas revenu depuis longtemps…
-Je veux bien le croire, mais n’importe qui devrait le connaître. Il est ici depuis longtemps, et est une figure assez importante de la guilde.
-Je suis parti avant son arrivé, dans ce cas. »
La jeune femme regarda Keith, de plus en plus méfiante. Elle ne le cRoyait visiblement pas, mais comment lui en vouloir ? Keith était immortel, que pouvait-il y faire ? Il pouvait mentir, mais à quoi bon ? S’il rencontrait cet Hoguira, le mensonge sera révélé rapidement. Et elle avait bien dit qu’elle le remplaçait pour l’instant, il risquait de revenir. Il ne prendrait pas le risque. Keith haussa les épaules et demanda :
« Qu’en est-il de Miguël ?
-Tu connais Miguël ?
-Et toi, tu le connais ?
-Ben, oui.
-Pourtant, il a fondé la guilde il y a… très longtemps.
-Oui… Et ? Il a une espérance de vie élevée.
-Moi aussi, remarqua Keith.
-Très bien. » soupira la jeune femme
Elle héla un passant pour faire chercher Miguël. Elle remarqua :
« Je ne sais pas s’il viendra, il est très occupé en ce moment.
-Je m’en doute, fit Keith en s’asseyant sur un des tabourets du bar.
-En attendant, est-ce que je peux te servir quelque chose ?
-… Un verre d’eau ? »

*

Noctalis se retrouva face à un pistolet, pointé entre ses yeux, ses épées sur la gorge du vieux en face d’elle. Le vieux demanda :
« Qui es-tu ?
-J’aimerais vous retourner la question. Vous avez un lien avec… ce qui se trame dans la forêt ?
-De quoi tu parles ?
-Tu devrais le savoir, non ?
-On cherche quelque chose, intervint le deuxième humain. On vient d’une guilde non loin. Et toi ?
-Une guilde ? La Cabale ?
-La Dark Lunacy. »
Noctalis plissa les yeux et renifla. Le vieux qui pointait le pistolet sur elle sentait la paille et la fumée et l’autre sentait la ferme. Ils portaient tous les deux l’odeur de plusieurs personnes présents à la Dark Lunacy. Elle soupira et leva ses armes en remarquant :
« Désolée. Je pensais que vous étiez des espions de la cabale avec une autre arme pour nous faire du mal.
-Tu es de la Dark Lunacy ? devina le deuxième vieux
-Hm, c’est plus compliqué. J’attends la décision de Miguël. Je suis Noctalis. Et vous ?
-Viktor.
-Roy, maugréa le premier vieux en rangeant son pistolet en lui lançant un regard noir.
-Eh, j’ai dit que j’étais désolé. Il vaut mieux prévenir que guérir, non ? Vous êtes venu enquêter sur les bruits ?
-Quel bruit ? demanda Viktor
-Le bruit qui vient de là, ça a commencé il y a un moment, maintenant.
-J’ai bien remarqué qu’il y avait quelque chose de bizarre, avoua Roy. J’ai demandé de l’aide. Ça fait une heure qu’on cherche à déterminer d’où exactement vient le problème.
-Eh bien, ça vient de par là. » remarqua Noctalis en pointant la direction du bruit
Roy hocha la tête, pensif. Viktor demanda pendant que Roy commençait à marcher dans la direction pointé, sans arrêter de regarder autour :
« Tu peux entendre quelque chose ?
-Oui. C’est assez lointain et étouffé avec la forêt, donc je ne saurais dire c’est quoi exactement. Mais je peux déjà dire que c’est imposant et probablement dangereux.
-Qu’est-ce que t’entends, exactement ?
-Hm… C’est un bruit répétitif… Comme si quelque chose de gros était en train de se déplacer… ou pire. »
Noctalis se remit en route, suivant Roy, pendant que Viktor fermait la marche. Un silence pesant régnait à présent, au fur et à mesure qu’ils approchaient du lieu. Pourtant, quand ils arrivèrent dans une clairière, il n’y avait rien d’autre que les traces du passage d’une énorme créature. Des coups de griffes sur les troncs, la terre retournée, tous les signes y étaient qu’un monstre énorme était passé par ici, il y avait un moment à présent. Où était-ce allé ? Viktor murmura :
« On est proche.
-Je n’entends plus rien… ajouta Noctalis en tendant l’oreille. Qu’importe ce qui a fait ça… Ce n’est pas allé loin. C’est probablement en train de nous observer.
-On ne sera pas de trop pour combattre un monstre comme ça. C’est une sacrée bestiole. Lourde et énorme. Beaucoup de griffe.
-Ça, j’aurais pu vous le dire. » marmonna Noctalis
Roy lui jeta un regard noir mais ne dit rien. Viktor s’écarta pour examiner le reste de la clairière. Il remarqua dans un murmure :
« Elle serait allé par là… Vers le QG… D’om nous sommes venu… »
Il fronça les sourcils. Noctalis frissonna un coup. Elle avait l’impression d’être épié, comme une souris prise au piège par un chat. Elle laissa Viktor suivre la piste. Noctalis, quant à elle, tentait toujours d’entendre la bête, en vain. Alors que Roy se relevait, Noctalis remarqua un objet autour de son cou… Au bout de la petite corde, une griffe de jaguarien pendouillait, comme un trophée. Noctalis demanda en montrant du menton le collier :
« Vous êtes fier de vous ?
-… Pourquoi ne serais-je pas fier d’une bonne chasse ?
-Une bonne chasse ? répéta Noctalis
-Oui. Une bonne chasse.
-D’habitude, ce sont les animaux qui sont chassés…
-Tous les jaguariens que j'ai croisés jusqu'à toi en étaient.
-Les animaux n’ont pas de conscience ou ne peuvent pas parler.
-Je vous assure que l'ancien propriétaire de cette griffe n'est pas venu me parler de tricot. Je ne pense pas non plus qu'il avait une conscience. Les jaguariens étaient, sont et seront toujours des animaux en puissance.
-Pourriez-vous avoir cette conversation avec un animal ?
-On a bien réussi à dresser des singes pour jongler avec des balles et leur apprendre à lire. Vous n'êtes pas la première jaguarienne à être douée de civilisation.
-Et si j’arborais un doigt d’humain comme trophée de chasse, qu’en diriez-vous ?
-Que vous êtes toujours aussi sauvage.
-Quel est donc la différence avec toi qui arbore une griffe de jaguarien ?
-… Si elle te dérange tant, pourquoi parles-tu encore au lieu d'agir ? Viens. Reprend cette griffe. »
Noctalis fronça les sourcils. S’il le voulait bien… C’était sûrement un piège. Il ne l’appréciait clairement pas, c’était le moins qu’on puisse dire, mais elle voulait tout de même lui donner une dernière chance de faire quelque chose de bien. Alors elle s’apprêta à récupérer ce foutu collier. Dès qu’elle bougea d’un poil, elle se retrouva de nouveau avec un pistolet sur le front, l’arrêtant net. Roy remarqua froidement, le doigt sur la gâchette :
« Un soir, des dresseurs de monslaves sont arrivés avec un jaguarien dans mon village. La bête, parce que c'était une bête, s'est échappée. Elle a tué 12 personnes, dont mon père. J'ai tué tous les dresseurs. J'ai traqué la bête pendant deux jours et deux nuits. Je l'ai tué aussi. Je n'ai ramené d'elle que sa tête et une griffe. Depuis ce soir, j'ai tué 32 jaguariens. Te tuer toi, ici et maintenant, ne signifie absolument rien pour moi. Mais sache que je ne regrette rien. Et surtout pas le soir où j'ai ramené cette griffe.
-Vous ne pouvez pas la fermer un peu, vous deux. C’est une chasse, pas un règlement de compte. » intervint Viktor qui probablement revenait voir pourquoi personne le suivait
À peine eut-il terminé sa phrase qu’une énorme créature, mélange entre serpent et un dragon, recouvert d’une épaisse carapace avec comme seul membre deux griffes ressemblant à des faucilles, apparut, chargeant pour les attaquer. Noctalis se figea de terreur. Ce monstre était gigantesque. Pourraient-ils survivre à cette attaque ?

*

« On m’avait dit qu’il y avait quelqu’un qui me connaissait, mais si je m’attendais à te voir ! »
Keith se tourna vers la voix. Le soleil déclinait dans le ciel. Il s’était assoupi un moment sur le bar, à force d’attendre pendant des heures, à observer les allées et venues. Bianca lui avait résumé les derniers évènements de la guilde à contrecœur. Elle lui devait au moins ça. Keith savait donc qu’il y avait une semaine, Miguël s’était fait kidnappé par la Cabale puis sauvé par les membres de sa guilde. Après une semaine, Miguël aurait dû être reposé, et pourtant il semblait fatigué et las, au bout de sa vie. Keith remarqua :
« Je ne voulais pas partir… Pas pour si longtemps.
-Hm. Pourquoi tu as mis tant de temps à revenir… ? Enfin, si tu voulais revenir.
-Je suis membre de la Dark Lunacy ! Je n’oublierais jamais la dette que je te dois.
-Je ne veux pas de quelqu’un qui reste uniquement pour une dette datant d’il y a plus de cent ans, marmonna Miguël en soupirant.
-Je pense… que c’est bien plus que ça. Au début, oui. Mais avec la guilde… Au moins je peux retourner quelque part, j’ai une maison… Et au moins une personne me reconnaitra malgré tant de temps d’absence. Tu ne sais pas à quel point… ça fait du bien.
-Je te pensais mort…
-Désolé pour le malentendu. Je m’étais perdu.
-Ton sens de l’orientation est toujours aussi pourri ?
-J’en ai bien peur. »
Miguël se mit à rire puis se tourna vers Bianca. Il remarqua :
« C’est un vieil ami et fait bien parti de la Dark Lunacy. J’espère que tu resteras un peu plus longtemps, cette fois-ci, ajouta-t-il à l’intention de Keith avec un clin d’œil.
-J’espère aussi…
-Bianca, si tu vois Lyra, dis-lui de venir me voir. Tout le monde devrait être rentré. Il est temps de démêler les nœuds. Il y a beaucoup trop de personnes dont le destin doit être déterminé.
-Je… Je peux aider ? proposa Keith. Tu as l’air au bout de ta vie.
-Les inconvénients d’être chef, admit Miguël. Ne t’en fais pas, Keith. Trouve-toi une chambre, installe-toi et familiarise-toi avec le QG. Sans t’éloigner. Compris ?
-Oui, oui, fit Keith en souriant. Je resterai dans le coin. »
Miguël hocha la tête puis s’éloigna. Keith ajouta :
« Pense à prendre soin de toi, quand même. »
Miguël lui fit signe de la main sans se retourner. Keith se tourna ensuite vers Bianca en remarquant :
« Ah, tu vois ? J’avais raison.
-Oui. Ne m’en veux pas si je suis trop méfiante, après tout ce qui est arrivé.
-Oh, ne t’en fais pas. Je comprends tout à fait. Et puis, j’ai connu pire. »
Keith se leva et s’étira. Il était temps de bouger. Il remarqua :
« Je sais que Miguël m’a dit de visiter et tout, mais avec tout ce qu’il se passe, je pense pouvoir aider…
-Peut-être l’infirmerie, suggéra Bianca. Il y a beaucoup de patients à soigner et surveiller. Ça pourrait être un bon endroit pour commencer.
-Et… C’est où ?
-Ce serait plus court de passer par dehors. Tu pars à droite en longeant le mur et c’est la première porte en face, dans le coin.
-D’accord. Merci, Bianca.
-Pas de quoi. »
Keith sortit donc et partit à droite en longeant le mur. Il s’arrêta quelques mètres plus loin. Comment une porte pouvait être dans un coin ? Le mur était en diagonale ? Il continua, perplexe, pour se retrouver dans le coin formé par le bâtiment… Sans porte. Avait-il prit une mauvaise direction ? Peut-être était-il allé à gauche plutôt qu’à droite, mais il était sûr de… Peut-être s’était-il trompé ou avait-il raté un tournant. Il fit donc demi-tour, dépassa la porte de l’auberge et longea le mur, dépassa quelques portes. Il tourna encore et encore. Il faisait le tour du bâtiment. Où était cette infirmerie ? S’était-il encore trompé ?
Il regarda autour de lui. Il avait la tête qui tournait. Il voulait juste aider, mais il se retrouvait perdu, à peine sorti du QG. C’était beaucoup plus simple quand il n’avait pas de guilde et pouvait juste aller où ses pas lui menaient… Mais ce qu’il avait dit à Miguël était aussi vrai. C’était bien de pouvoir retourner quelque part, de pouvoir compter sur quelqu’un d’autre…
Jusqu’à ce qu’il meurt.

*

Noctalis bondit en arrière pour éviter l’énorme griffe en forme de faucille du monstre. La griffe se planta dans le sol, retournant la terre, faisant trembler le sol. La créature extirpa sa griffe qui lui servait de patte avant sans difficulté du sol en grognant. La créature était lente, mais le moindre coup pourrait être fatal.
Noctalis dégaina rapidement ses épées et attendit le moment opportun. Roy était sur le côté et Viktor était derrière la créature. Roy avait dégainé lui aussi ses pistolets, mais ne tirait pas. Attendait-il que la créature vienne l’égorger pour pouvoir arborer son crâne aussi, tant qu’il y était ? Non merci. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir. Elle se mit à courir en cercle. La créature se tourna vers elle, prête à l’attaquer, quand Noctalis entendit un bruit assourdissant. Quoi qu’ait fait Roy, la bête semblait y avoir réagi. Elle se tourna vers lui, prête à le découper en morceaux. Là où Roy avait tiré, la carapace du monstre était noire, autour d’un trou. Les balles faisaient donc des dégâts sur la créature. À voir maintenant si les épées pouvaient aussi entamer la carapace… Pendant que le monstre avait son attention sur Roy, Noctalis y vit une opportunité. Pas pour laisser le vieux grincheux mourir, mais pour battre la créature.
Noctalis s’élança pendant que la créature avait son attention sur Roy et attaqua la créature. Malheureusement, Noctalis se rendit vite compte que les épées sur la carapace étaient inutiles. Avant qu’elle ait eu le temps d’essayer autre chose, ou même de réagir, la créature se retourna rapidement et tenta de sectionner Noctalis en deux. Heureusement, elle avait son armure qui la protégea un tant soit peu. Elle sentit le métal s’écraser contre sa fourrure avant de voler dans les airs. Le souffle coupé, elle atterrit lourdement dans l’herbe, tremblante, incapable de bouger.
Elle ne put qu’observer pendant un moment avec sa vision brouiller Roy et Viktor tenter de repousser le monstre. Tandis que Roy pouvait facilement rester à distance avec ses pistolets et la faire réagir, Viktor, lui, avait plus de mal, avec seulement sa lourde épée. Noctalis finit par reprendre son souffle et se relever tant bien que mal. Son armure était devenue plus dangereuse qu’utile, déformée et déchiquetée. Elle se releva et remarqua que la créature tournait son attention sur Roy qui rechargeait son pistolet. Avant que Viktor puisse réagir, Noctalis lança une boule de feu sur le monstre. Ce dernier se mit à crier dès qu’il vit la boule de feu et recula de plusieurs mètres. Un silence s’installa pendant quelques secondes. Le monstre, aussi imposant et puissant soit-il, avait peur du feu. Noctalis se rapprocha rapidement de Roy et remarqua :
« Essaie de viser sa tête ou des parties non couvertes de carapace.
-C’est ce que je vais, siffla le vieux en lui décochant un regard méprisant. Cette chose bouge trop vite pour moi.
-C’est ça d’être un vieux grincheux, ricana Noctalis avant d’enchaîner sans lui laisser le temps de répondre. Cette chose a peur du feu. Peut-être que tu pourras y voir une opportunité.
-Vise bien. »
Noctalis l’ignora. Le monstre était reparti à la charge. Cette fois-ci Viktor attaqua avec son épée. Celle-ci s’embrasa, couverte de flamme. Le monstre dévia évitant la lame de feu, s’écartant de Noctalis. Cette dernière s’approcha de Viktor et remarqua :
« On ne sait pas ce que peut faire une lame de feu, mais Roy peut lui faire du mal. Essaie de la garder immobile assez longtemps. Je vais faire pareil. »
Viktor hocha la tête et s’écarta. Noctalis et Viktor se mirent chacun des deux côtés de la créature pour la forcer à rester en place. Le plan était de la maintenir là. Toutefois, le monstre se mit soudain à charger vers Roy qui l’esquiva. Noctalis grogna. Bien sûr, ça n’allait pas comme prévu. Viktor remarqua :
« Il s’en va vers le QG ! Il faut le rattraper.
-Un bestiau comme ça, ça ne va pas juste partir et nous abandonner. Il va revenir, affirma Roy.
-Sans remarquer le bâtiment rempli de personne, facile à attaquer ? marmonna Noctalis
-Il n’ira pas aussi loin. » rétorqua le vieux grincheux
Noctalis se retint de lancer une réparti cinglante. Ce n’était pas le moment, mais elle retenait. Il aimait bien se vanter de chasser des jaguariens… Ou avait-il une dent contre tout ce qui n’était pas humain ? Celui-là, si elle le revoyait après cette chasse, ce ne serait pas pour lui offrir un verre, c’était sûr. Roy continua :
« Il faut établir un plan solide si on veut pouvoir vaincre cette créature.
-On veut la tuer ou la capturer ? demanda Noctalis
-La capturer, répondit Viktor sans laisser le temps à Roy de répondre. Ce serait préférable. Au moins l’immobiliser le temps qu’on découvre ce qu’on peut en faire. L’énergie pour la tuer risque d’être trop grande.
-La capturer risque d’être plus compliqué que la tuer, remarqua Noctalis. Ce monstre est énorme et doit bien faire son poids… Sans parler de sa puissance de frappe.
-Tout va bien, d’ailleurs, Noctalis ? » demanda Viktor
Elle regarda rapidement là où la créature l’avait frappée. Les bleus du combat à Larbos venaient juste de guérir. La chair était entamée et du sang suintait, mais ce n’était que superficiel. Elle affirma :
« Oui, ça va. Je peux continuer.
-Bien. On va avoir besoin de toutes nos ressources, affirma Viktor.
-Capturer un truc comme ça va s’avérer compliqué mais si les choses se déroulent bien, ça pourrait se faire. Il ne faut surtout pas sous-estimer notre proie.
-Et si tu te trompais et qu’elle allait vers le QG et pas vers nous ? On lui a tout de même donné une frousse, avec le feu, remarqua Noctalis en scrutant les bois.
-Tu l’entends ? » demanda Viktor
Noctalis tendit l’oreille. Elle n’entendait rien jusqu’à ce qu’elle repère un bruit, ténu. Elle affirma :
« Elle se déplace, mais plus lentement. Elle se méfie, mais ne revient pas par ici.
-Dans ce cas-là, on va devoir chasser le chasseur, décida Roy. Il va bien évidemment falloir l’éloigner du QG. Viktor, tu vas devoir t’occuper d’éloigner cette chose du QG. On ne sait pas ce que ton épée en flamme peut faire, mais au moins tu pourras te battre avec si besoin. Noctalis, tu vas l’aider. Une fois éloignée, Noctalis tu la dirigeras vers un point stratégique qu’on déterminera pendant que Viktor tu resteras en retrait pour t’assurer qu’elle ne revienne pas sur ses pas.
-Ne pourrait-on pas la ramener ici ? Le combat a déjà eu lieu, on ne risquerait pas trop de détruire plus que ça. On pourrait la piéger ici, proposa Noctalis.
-Je peux toujours aller au-devant et m’assurer qu’elle n’attaque pas le QG, remarqua Viktor.
-Parfait. Évite d’agir tout de suite, il ne faut pas lui faire peur et la laisser s’enfuir. Noctalis viendra quand on sera prêt. » remarqua Roy
Ils avaient un plan, fait à la va-vite, sans savoir s’il marcherait. Il fallait à présent le mettre en place rapidement, avant que cette créature attaque le QG.

*

Keith finit par retrouver l’auberge, à force de tourner en rond. Bianca releva les yeux et demanda :
« Alors ?
-Euh… Je n’ai… Je me suis un peu perdu en route.
-Ah…
-Au moins j’ai fait le tour du bâtiment… Y aurait-il une chambre dans laquelle je peux m’installer ?
-Bien sûr. Je vais te montrer. Évite de te perdre, cette fois-ci. »
Bianca l’emmena vers les chambres. Keith la suivit tranquillement, essayant de retenir le chemin. Il devrait demander un plan ou quelque chose. Il ne pouvait rien retenir sur le coup comme ça. Bianca finit par lui montrer une chambre. Elle remarqua :
« Voilà. Installe-toi bien.
-Merci. »
Bianca s’en alla. Keith examina sa chambre. Elle était assez simple. Un lit, une armoire, un bureau en dessous d’une fenêtre donnant sur la forêt qui entourait le QG. Le soleil se couchait, donnant une teinte orange vif au ciel, de la même couleur que le feu. Keith n’avait pas grand-chose à installer. Il n’avait pas beaucoup d’affaire. Alors qu’il regardait le coucher de soleil, une voix dans son dos le fit sursauter :
« Oh ! Bonsoir, mon ange ! »
Il se retourna et vit un fantôme. Keith en avait aperçu que très rarement. Après tout, c’était très rare de devenir un fantôme. Il fallait des conditions très spécifiques. Keith remarqua :
« Bonsoir. Je ne savais pas qu’il y avait un fantôme au sein du QG. Comment t’appelles-tu ?
-Oh, tu peux juste m’appeler Maman.
-Tu n’es pas mère, pourtant. Je ne t’ai jamais vu avant.
-Ne dis pas ça, mon enfant. »
Elle s’approcha. Keith recula, perplexe. Le fantôme continua, sans se départir de son sourire. Keith recula jusqu’à être acculé au mur. Le fantôme posa une main sur sa tête et remarqua d’une voix douce :
« Tu m’as l’air troublé, mon ange. Je suis là pour t’aider alors dis-moi tout.
-Je ne te connais pas, insista Keith.
-Tu peux tout me dire. » affirma le fantôme, ignorant la remarque de Keith.
Keith soupira et baissa la tête. Ce fantôme n’était pas sa mère. Elle était morte, il y a bien longtemps. Keith secoua la tête et affirma d’une voix qu’il voulait ferme, et pourtant qui tremblait :
« Je n’ai rien à dire.
-Oh… Je suis là, tu le sais, non ? Je serais toujours là pour toi.
-Non ! » s’exclama Keith
Il voulut la pousser, mais ses mains lui passèrent à travers. C’était un fantôme qui ne semblait pas touché par ses paroles. Comment se débarrasser de cette fouineuse ? Le fantôme l’entoura de ses bras fantomatiques en murmurant :
« Mais si, je serais là. Tu n’as plus à t’inquiéter. »
Keith resta un moment immobile, incapable de bouger. Il voulait accepter cet amour, venu de nulle part. Il voulait juste se laisser aller et… Il ferma les yeux. Juste une seconde. Il entendit une voix, sans savoir si c’était le fantôme ou un souvenir lointain qui remontait à la surface :
« Là, là… Laisse tes larmes couler, mon cœur, et tout se passera bien. Je suis là, maintenant. Tu n’as plus à t’inquiéter. Je suis là… Même si tu ne veux pas me parler, ce n’est pas grave, je serais toujours là pour te consoler. »

*

Albion [F1]
Des jours qu’il restait à l’infirmerie, allongé, enchaîné. Il avait vu beaucoup de gens aller et venir, beaucoup d’attaques, aussi. Noctalis était revenu, mais pour se faire soigner, cette fois-ci. Puis elle était repartie, épuisée, couverte de bandage. Il avait vu le blond se faire attaquer par une inconnue qui était apparu soudainement, puis repartie aussi promptement. Il en voyait des choses.
Alors que le soleil arrivait à son zénith, Leshty entra dans l’infirmerie, portant un plateau. Natasha, toujours de garde, remarqua :
« De la nourriture… ?
-C’est pour Albion. »
Natasha ne dit rien, faisant juste un petit mouvement de main, comme pour lui dire de s’approcher. Leshty demanda :
« Comment faites-vous, d’habitude ? Sans lui enlever son masque ?
-On le met dans une autre pièce, le temps du repas. Il est assez coopératif. »
Leshty s’approcha d’Albion. Celui-ci ne la lâchait pas du regard. Elle semblait avoir changée… Elle était plus sûre d’elle, plus forte, d’une manière ou d’une autre. Peut-être était-ce dans sa manière de marcher ou dans ses gestes, ou encore la lueur dans ses yeux… Il ne saurait dire ce qui était différent, mais… Elle remontait dans son estime. Peut-être. Il ne saurait dire pourquoi il se sentait si bizarre. Il secoua la tête. Personne ne restait pareil durant toute leur vie. Les faibles pouvaient devenir fort et inversement.
« Je suis désolée de vous voir dans cet état… Leshty remarqua, le sortant de ses pensées.
-Pourquoi être désolée ? Vous n’avez rien fait.
-J’avais pourtant dit que personne ne vous fera du mal…
-Je me suis fait des ennemis au cours de ces dernières années. C’était à prévoir. Et vous n’êtes pas omnipotente… À ce que je sache.
-Non, je ne le suis pas, ricana Leshty. Venez. Il faut que vous mangiez. »
Leshty le détacha du lit pour l’emmener dans une autre pièce. Il obtempéra. À quoi bon résister ? Leshty posa le plateau sur une table et remarqua, pensive :
« Pourquoi ne peut-on pas voir votre visage ?
-J’ai mes… raisons.
-Vous avez une vilaine cicatrice que vous voulez cacher ?
-Il n’y a rien de mal à en avoir.
-Vous en avez, vous ?
-… Oui. »
Albion s’approcha du plateau. Il savait qu’il aurait dû retourner dans sa cellule depuis longtemps, mais il préférait rester allongé à rien faire plutôt que de retourner dans la cellule moisi et sombre… Pourquoi ? Il devait être puni pour son comportement, pour son égarement. Les dieux étaient en colère contre lui.
Il devait suivre les principes. Il devait suivre les principes des dieux.
« Venez. Je dois vous attacher.
-Ah, bien sûr. »
Il s’assit face à la table et laissa Leshty le menotter à la chaise. Certes, il pouvait se déplacer avec, mais il ne pourrait pas s’échapper avec un objet aussi gros derrière lui. Leshty remarqua :
« Bon… Je vais vous laisser seul. Bon appétit. »
Leshty sortit de la pièce. Albion mangea tranquillement puis frappa à la porte quand il eut finit. Leshty revint le chercher. Elle demanda en le détachant :
« C’était bon ?
-Euh… Oui.
-Tant mieux. C’est simple, mais bon… Ce n’est pas non plus un restaurant, ici.
-Vous me nourrissez… Je n’ai pas à me plaindre…
-En effet. »
Leshty s’arrêta avant d’ouvrir la porte. Elle murmura :
« J’aimais bien l’époque où nous n’étions qu’une libraire et son client…
-Ce sont vos histoires que je préférais. Elles étaient toujours intéressantes. » affirma Albion
Leshty sourit puis ouvrit la porte pour retourner dans l’infirmerie.

*

Noctalis laissa tomber la dernière branche pour cacher l’énorme trou que Roy et elle avait creusé pendant la dernière heure. Ils avaient travaillé d’arrache-pied pour creuser rapidement un trou assez gros pour contenir le monstre. Plus de temps ils prenaient, plus la créature ne s’éloignait. Noctalis n’était plus certaine qu’elle attaquait le QG, mais un monstre de la sorte ne devait pas rester en liberté. C’était beaucoup trop dangereux. Cette chose était capable de tuer quelqu’un d’un simple coup. Il fallait l’arrêter. Une fois le trou recouvert de fine branche, de terre et d’herbe, Roy fit signe à Noctalis. Pendant qu’il se cachait dans les arbres, Noctalis s’élança à toute vitesse dans la forêt.
Elle retrouva la piste de Viktor. Ce dernier était parti directement vers le QG et longeait à présent la lisière. En voyant Noctalis, il demanda :
« Où est parti la bête ? Elle n’est pas venue jusqu’ici…
-Non. Elle a changé de direction. Roy et moi, nous avons quand même décidé de garder le plan. On peut pas avoir un monstre comme ça rester en liberté. »
Avant que Viktor puisse répondre, Amphitryon apparut, enragé. Il prit Viktor par le col, lâchant un bruit qu’aucun humain n’aurait pu prononcer normalement, semblable à ceux que faisait la créature qu’ils étaient en train de chasser.
Noctalis écarquilla les yeux. Pour quelqu’un qui voulait aider à soigner les gens, il était bien en colère. Pourquoi… Comment faisait-il les mêmes bruits que la créature ? Avait-il un lien ? Que savait-il ? Pourquoi était-il si furieux ? Voulait-il défendre ce monstre ? Était-ce son plan depuis le début ? Gagner la confiance de la guilde pour plus facilement les attaquer avec son monstre de compagnie ? Noctalis allait défendre Viktor lorsque ce dernier se libéra facilement et remarqua :
« Vas-y, Noctalis. Je vais m’occuper de celui-là. »
Noctalis hocha la tête. Au pire, si le traître surpassait Viktor, le QG, et les autres membres de la Dark Lunacy, n’était pas loin. Elle s’élança sur la trace de la créature. Elle rattrapa le monstre rapidement, mais, alors qu’elle faisait une pause pour savoir comment l’approcher, le monstre apparut et attaqua sans hésiter. Noctalis bondit en arrière, laissant quelques touffes de poils au passage, surprise. Noctalis ne recula pourtant pas, faisant face au monstre.
Le monstre sembla hésiter un moment. Savait-il ce qui l’attendait ? Noctalis devait l’attirer. Elle tomba au sol, faisant comme si elle était blessée. Lorsque le monstre s’approcha, Noctalis s’élança sur le côté et lança une boule de feu. Le monstre cria et se mit à courir, Noctalis sur les talons. Noctalis continua de bombarder le monstre avec des boules de feu, l’obligeant à prendre la direction de la clairière.
La bête tentait souvent d’attaquer Noctalis, dès qu’elle arrêtait de la bombarder, mais elle tint bon, restant à distance raisonnable, se rapprochant quand elle devait forcer la créature à changer de direction. Après une course effrénée dans les bois, ils finirent par retourner à la clairière, où les attendait le trou. Le monstre s’arrêta devant, devinant le piège, mais Noctalis envoya encore plus de feu, la forçant à bouger.
La créature poussa un cri perçant et repartit, tentant de prendre une direction différente, mais Noctalis la devança de peu, attaquant la gueule du monstre avec du feu. La créature hurla et recula. Le monstre tenta d’attaquer Noctalis mais cette dernière recula, mais ne réussit pas à empêcher la griffe de lui entamer la chair. Elle s’en sortait bien pour un combat contre un monstre de cette envergure.
Le monstre finit par glisser dans le trou en glapissant de surprise. Roy sortit des couverts et se pencha par-dessus le trou. Il marmonna :
« Hm. Bien joué. »
La créature se mit soudain à creuser dans la terre avec ses griffes, créant un dénivelé. Noctalis s’exclama :
« Il va falloir être rapide. Trouve une opportunité et ne la rate pas. »
Noctalis repartit à l’assaut, bombardant la créature de feu. Le trou étant trop étroit, elle pouvait difficilement tourner sur elle-même, mais ça ne l’empêchait pas de pouvoir attaquer avec ses griffes. Ils avaient creusé juste. Un peu plus et ça n’aurait pas marché. La créature émit des cris stridents à chaque coup que Noctalis donnait. Paniquée, elle balança ses griffes partout, tentant d’attaquer Noctalis, en vain, creusant la terre.
Noctalis se rendit rapidement compte que la terre n’était plus stable et s’effritait. Le piège ne durera pas longtemps.
Trop tard. La terre s’effondra avant qu’elle puisse réagir et elle glissa dans le trou avec la créature. Soit elle finira écrasée, soit elle finira dévorée par le monstre, ou pire. Elle ne tenta même pas de se défendre. Que pouvait-elle faire ? De loin, elle pouvait attaquer avec sa magie, mais de près, coincée dans un trou avec le monstre, la bête finira par la tuer, volontairement ou non.
Elle ne put que regarder la mort en face.

*

Keith s’écarta d’un coup. Ce n’était pas sa mère. C’était un fantôme délirant. Le fantôme demanda :
« Ça va mieux, mon chou ? »
Il la fusilla du regard. Il n’avait pas besoin de lui répondre. Le fantôme continua de sourire, attendant sa réponse. Keith marmonna :
« Je vais bien.
-D’accord. Si tu as besoin de moi, n’hésite pas à m’appeler. Je ne m’énerverais pas ! »
Elle commença à partir mais Keith la retint. Il venait de penser à quelque chose. Il demanda :
« Tu es là depuis longtemps ?
-Oui. Pourquoi ?
-Je… Je me perds facilement. Je ne sais même pas comment revenir ici, dans ma chambre… Est-ce… Est-ce que tu pourrais… m’aider ?
-Si tu as du papier et un crayon, je peux même te faire un plan ! » affirma le fantôme, encore plus joyeuse qu’avant
Le temps que Keith obtienne son plan du QG, il faisait nuit. Mais, maintenant, il pouvait retrouver l’auberge sans problème. Il n’avait pas intérêt à perdre ce plan. Bianca remarqua en le voyant :
« Ah, tiens. Tu as réussi à retrouver le chemin du retour ?
-Un fantôme m’a fait un plan.
-Tu dois parler de Maman.
-Elle s’appelle vraiment comme ça ?
-Elle n’a jamais dit son vrai prénom et ne laisse personne l’appeler autrement, expliqua Bianca en haussant les épaules. Que puis-je pour toi ?
-Est-ce que tu sers quelque chose à manger ?
-Oui, je peux te faire quelques plats. Steak de girawa, cuisse de kot-kot, blanc d’autrus, omelette, avec des patates, de la purée, des légumes ou des pâtes.
-Comme ça t’arrange. » remarqua Keith en s’asseyant à un tabouret.
Bianca hocha la tête. Keith attendit quelques minutes avant qu’un elfe noir entra dans l’auberge. Keith fronça les sourcils. Il l’aurait ignoré si ce n’était pour son physique particulier. Pas le fait qu’il était un elfe noir, mais le fait que son œil gauche avait une sclérotique noire avec des veines rouges vifs autour de l’œil. L’elfe s’approcha et demanda :
« Bianca est partie ?
-Non. Je lui ai demandé de me faire à manger.
-D’acc ! Je prendrais bien un petit quelque chose aussi…
-Tu pourras lui demander quand elle reviendra.
-C’est ce que je compte faire. »
L’elfe noir s’assit à côté de Keith et remarqua :
« Amon Knightlord. Toi ?
-Keith d’Albon.
-Je n’ai jamais entendu parler d’un lieu appelé Albon… Mais je connais quelqu’un qui s’appelle Albion.
-C’est un endroit… perdu. Sur Astria. Mais… tu… ton nom…
-J’ai pris celui de ma femme, affirma-t-il en haussant les épaules.
-Ta femme était humaine ?
-Non… Mais quand on a déménagé à Alysia, elle a voulu prendre un nom de famille pour simplifier les choses… ou faire comme les humains. J’ai juste suivi. Tu as quelqu’un, dans ta vie ?
-Non.
-Ah, dans ce cas, tu n’as pas de femme à contenter. Si tu obéis à ta femme et que tu la rends heureuse, ton couple est sauvé ! affirma-t-il d’un air malicieux
-Hm. Et tout se passe bien entre vous ?
-Oh, oui ! Elle me fait à manger tous les jours. On parle souvent et on se dispute très rarement.
-Ça a l’air bien…
-Je suis juste bien tombé. J’ai de la chance d’avoir une femme comme elle. Elle a un sacré caractère, mais elle est parfaite. J’espère pour toi que le jour où tu trouveras ta moitié, tu tomberas sur quelqu’un de bien, comme moi. »
Keith hocha la tête, désintéressé. Il fut un temps où ça ne l’aurait pas dérangé, où il considérait encore s’installer, vivre une vie tranquille, quelque part, avec une famille ou avec quelqu’un qui l’aimait, mais à présent, il savait. Il avait arrêté de se bercer d’illusions. Personne ne voudrait de lui. Et pour le peu que quelqu’un veuille bien, il mourra. Et Keith devra regarder ou partir.
Bianca arriva avec une assiette fumante et des couverts qu’elle déposa devant Keith qui la remercia. Amon demanda :
« Eh, Bianca ! Est-ce que je pourrais avoir quelque chose à manger pour moi aussi ?
-Bien sûr. »
Keith commença à manger en silence son repas, jusqu’à ce qu’Amon remarqua :
« T’es bien silencieux. Tu as toujours ta langue ?
-Oui.
-Ah, chouette. J’ai cru que quelqu’un te l’avais coupé entre temps ! Ha ha.
-Euh… Non.
-Parle-moi un peu de toi. Je ne t’ai jamais vu avant. Tu es un membre de la Dark Lunacy ou un invité ?
-Un membre. Il y a beaucoup d’invités ?
-Oui. Dont un très déplaisant. Il ne sera pas ici pour longtemps, affirma-t-il avec un clin d’œil.
-D’accord…
-Tu es membre depuis combien de temps ?
-Euh… Longtemps.
-Alors pourquoi je ne t’ai jamais vu ?
-Je… J’étais parti pendant un moment.
-Hm. Tu as vu Miguël ?
-Oui. Bien sûr.
-D’accord. Dis-moi, Keith… Que fais-tu dans la vie ? À part être membre de la Dark Lunacy, bien sûr.
-Oh, pas grand-chose.
-Oh, allez quoi ! Tu dois bien avoir une vie autre que suivre des ordres, non ?
-Je ne suis pas d’ordres. La guilde n’est pas comme ça.
-Uh-huh. Si tu le dis. Alors ? Tu dois bien avoir quelque chose… Une passion, un loisir, des amis…
-Et toi ? le coupa Keith. Tu n’as rien à faire ? Que fais-tu ici à cette heure-ci ? N’as-tu pas une femme à retrouver ?
-Ah ! Non, je voulais finir quelque chose. Un petit quelque chose… Pas de quoi s’inquiéter, mais ça m’a pris plus longtemps que prévu.
-Pourquoi manges-tu ici ? Tu devrais rentrer retrouver ta femme.
-Oh, elle ne va pas s’inquiéter. Elle me connait. »
Keith secoua la tête. Il avait la chance d’avoir une femme, une famille, une maison, et il n’en profitait pas. Keith marmonna :
« Tu devrais profiter, tant qu’elle est là…
-Je sais, soupira Amon. Je sais, mais que veux-tu ? Si les membres de la guilde me voient partir à cette heure de la nuit, ils risqueront de se méfier. Alors je préfère rester ici.
-Pourquoi se méfieront-ils ?
-Oh, ils ne se méfieront pas de moi, spécifiquement. C’est juste que, en ce moment, il y a beaucoup de… personnes indésirables, des invités… qui mettent la guilde à cran.
-Je cRoyais qu’il n’y en avait qu’une, personne indésirable.
-Oui… Enfin, personne indésirable ou invité, ça revient au même, ici. Surtout en ce moment. Tu n’as pas d’idée, n’est-ce pas ?
-De quoi ?
-De la tension au sein de la guilde.
-On m’a fait un résumé de la situation…
-Ah oui ? On t’a dit que parmi ces invités, il y avait des meurtriers et des psychopathes, en plus des traitres ?
-… Non.
-C’est une longue histoire et il se fait tard. J’aimerais revoir ma femme, mais je ne peux pas partir…
-C’est triste… Il faudrait profiter de ceux qu’on aime un maximum.
-Oui, je sais. J’aimerais tellement être avec ma femme. Si tu veux, tu peux m’aider…
-Bien sûr ! Je ne sais pas trop comment…
-Oh, rien de spécial. Si quelqu’un te demande, tu as juste à dire qu’on s’est vu durant la soirée, qu’on a mangé ensemble et discuté, surtout d’à quel point ma femme me manquait.
-C’est plus la nuit…
-La soirée, insista Amon. Pas la peine de stresser nos camarades plus qu’il ne le faut.
-Bianca…
-Ne t’inquiète pas pour Bianca. Elle comprendra. Tu peux faire ça pour moi ?
-Oui…
-Merci, Keith. Je te revaudrais ça. Promis. »
Bianca arriva pour servir Amon son repas. Elle remarqua :
« Les choses semblent agités, dehors.
-Oh, tu sais… fit Amon. Avec l’arrivée des gens emprisonnés à Astria, les choses ont commencé à bouger.
-Si tu le dis… »
Soudain, un docteur entra en trombe dans l’auberge. En voyant Amon, il s’approcha et demanda :
« Amon ! Est-ce que tu aurais vu quelqu’un entrer après ton départ de l’infirmerie ? Est-ce que quelque chose s’est passé… ?
-J’ai perdu le compte des gens qui arrivaient et repartaient de l’infirmerie, affirma-t-il en haussant les épaules. Natasha emmenait l’autre, là, dans sa cellule. Elle n’avait pas l’air très contente… Pourquoi ? Quelque chose s’est passée ? »
L’infirmier ouvrit la bouche, comme pour lui répondre, puis se ravisa. Il remarqua à la place, soudain méfiant :
« Tu es un expert en poison, n’est-ce pas, Amon ?
-En effet. Quelqu’un a été empoisonné ? Je peux aider à identifier le poison…
-Tu n’as empoisonné personne, dernièrement ?
-Et qui est-ce que j’empoisonnerais ? Il n’y a que des membres de la Dark Lunacy, ici. Je ne suis pas un traitre, contrairement à d’autres.
-Insinuerais-tu qu’un traitre essaierait d’en taire un autre ?
-Qu’est-ce que j’en sais ? Tu ne me dis rien sur la situation.
-Est-ce que n’importe qui peut empoisonner quelqu’un ?
-Ça dépend de leur expertise et de leur discrétion. Mais un poison est censé être discret… Si personne ne voit l’empoisonnement se faire, il faut attendre que les symptômes se manifestent pour savoir qu’il y a eu empoisonnement.
-Hm… Je vois. Merci. »
Le docteur s’élança ensuite, pressé. Amon se pencha vers Keith pour murmurer :
« Quelqu’un a été empoisonné. Je te parie tout ce que tu veux que c’est un membre de la Dark Lunacy qui l’a fait. En ce moment, ce sont plus les membres de la guilde qui attaquent les autres membres. La guilde se fait du mal à elle-même. C’est triste, à y penser. Mais que peut-on faire à part aider Miguël à débusquer ces sales traitres ?
-Tu n’as aucune idée de qui peut faire quelque chose d’aussi ignoble ?
-Hm… Il y a tant de candidats, que ce soit les membres ou les invités… Mais… Peut-être que… Il y a bien quelqu’un qui s’est amusé à kidnapper, torturer et empaler une membre de la guilde, qui n’a rien mérité de tout ça, si tu veux mon avis… Un empoisonnement ne serait qu’un mince ajout à sa liste de crime.
-Personne ne l’a puni ?
-Il s’est échappé avant que Miguël puisse le faire.
-Qui est-ce ?
-Drogard Mankiefele. »

*

Noctalis sursauta en entendant le coup de feu de Roy. Elle eut à peine le temps de s’écarter avant que la créature s’effondre, assommée par la balle. Noctalis se releva difficilement, coincée entre le monstre et la terre. Elle releva la tête vers Roy qui la toisait d’en haut. Noctalis l’ignora et s’aida du monstre pour sortir du trou. Elle s’ébroua, tentant d’enlever un maximum de terre et de sang de son pelage, en vain. Elle devra faire une bonne douche, en rentrant.
Elle scruta la bête, effondrée dans le trou. Elle demanda :
« Elle est toujours vivante ?
-Je crois, répondit Roy.
-Qu’est-ce qu’on en fait ?
-Il va falloir demander à Miguël, et vite, avant qu’elle ne se réveille. »
Noctalis hocha la tête, mais s’effondra, au lieu de retourner au QG. Elle était épuisée et l’adrénaline du combat n’était plus là. Son armure était en miette, pour ce qui en restait. Elle devra s’en refaire une. Elle était blessée de partout. Roy marmonna :
« Tu n’as pas l’air si pressée…
-Laisse-moi récupérer, le vieux. Ce n’est pas toi qui as couru partout dans la forêt. »
Elle voulait se reposer, juste se rouler en boule et dormir. Mais Roy avait raison. Elle avait autre chose à faire, qui était plus urgent. Elle remarqua :
« Vas-y. Va prévenir Miguël. Je reste ici pour garder cette chose à l’œil. Si elle se réveille, je pourrais prévenir la guilde.
-Hm. D’accord. »
Roy s’attarda un moment, lui jetant un regard, puis s’en alla, laissant Noctalis seule avec le monstre. Elle n’aurait qu’à attendre l’arrivée de Miguël –ou quiconque qui avait été envoyé pour gérer la situation– puis elle pourra se reposer. Elle commença à nettoyer son pelage, enlevant les bouts de terre et défaisant les nœuds qui s’étaient formés.
Elle repensa à Amphitryon… De quel côté était-il ? Il semblait dire qu’il n’était là que par hasard, mais quand un monstre menaçait la forêt et le QG, et les innocents autour, il était le premier à prendre sa défense, à vouloir les empêcher de l’arrêter. Était-il du genre à vouloir sauver la nature au prix de morts d’innocents ? Était-il un écologiste acharné qui voulait préserver la chaîne alimentaire ? Si c’était le cas, elle aurait bien voulu le voir face au monstre pour qu’il se fasse dévorer. Ce serait assez ironique. Et s’il savait depuis le début qu’elle était là et qu’il voulait l’utiliser contre la Dark Lunacy ?
Elle espérait que Viktor avait réussi à le maîtriser. Il aura quelques questions à répondre, celui-là.

*

Amon entra dans l’infirmerie. Albion se crispa. Qu’allait-il faire, cette fois-ci ? Albion ne voulait pas mourir. Il devait encore prouver sa valeur aux dieux et il en était loin. Il devait encore persévérer. Sinon, que se passerait-il après sa mort ? Serait-il puni pour ne pas avoir su être à la hauteur ? Serait-il torturé ? Que penseraient les dieux de ce qu’il avait accompli ? Il n’avait rien accompli.
Amon l’ignora et alla voir les docteurs et Natasha. Amon remarqua, tout souriant :
« Vous avez beaucoup de travail en ce moment, je me trompe ?
-Que veux-tu ? demanda Natasha
-Vous aider, bien sûr. Une petite pause devrait vous faire du bien. Un peu d’air et, hop, prête à repartir. Tu es ici à longueur de journée. Je mettrais mon bras à couper qu’une petite pause pour prendre l’air, boire un coup, te dégourdir les jambes te feras le plus grand bien. Je peux te remplacer pendant quelques minutes. »
Amon était-il ici simplement pour aider ? Albion en doutait. Il l’avait vu. Il savait. Tout ce qu’il pensait c’était de le tuer. Le tuer pour se venger de sa famille, sa femme. Mais Albion n’avait rien fait. Rien fait de mal. Il avait suivi les ordres. Il avait puni les faibles, ceux qui le méritaient, les criminels. Natasha soupira et demanda aux docteurs :
« Est-ce que vous avez besoin de mon aide ?
-Non, ça ira. Le cabaliard va aussi pouvoir retourner dans sa cellule.
-Hm. Bon, très bien. Je vais prendre une pause. Amon, surveille bien tout le monde. On bougera l’officier une fois que je reviens.
-D’acc. »
Natasha sortit. Amon s’étira et remarqua :
« Ça doit être bien dur pour vous en ce moment. Vous n’avez pas besoin d’une pause ?
-Non, répondit un des médecins. On a un système de rotation… et on a l’habitude.
-Je vois. Dans ce cas, je vais vous laisser faire votre travail. »
Amon fit le tour des patients avant d’arriver à Albion. Il tira sur les chaînes, vérifiant qu’elles le retenaient bien. Il demanda :
« Il a essayé quoi que ce soit, durant son séjour ici ?
-Non. Il bouge à peine, avoua un docteur en venant vérifier le pouls d’Albion. Au moins, il ne nous empêche pas de faire notre travail, contrairement à d’autres.
-Vous parlez de… moi ? demanda Amon, surpris.
-Non… D’autres membres de la guilde qui ont l’air d’avoir une dent contre nos patients.
-Oh, d’acc ! J’ai cru comprendre que les choses n’étaient pas si reposantes, ici.
-Ça s’est calmé depuis. »
Albion observait la scène, curieux. Il voyait Amon sous un autre jour. Il ne savait pas qu’il pouvait discuter calmement comme ça. Qu’était-il arrivé au fou furieux obsessif qui parlait tout seul, prêt à le tuer ? La conversation prit fin. Amon remarqua :
« Laissez-moi vérifier ses liens une dernière fois, puis j’aurais fini avec lui. Il ne manquerait plus que lui aussi s’échappe. »
Amon tira sur les menottes, les resserrant jusqu’au sang au passage. Albion grimaça, mais ne dit rien. Amon fit mine de se pencher pour vérifier sous les draps et murmura :
« Tu as réussi à survivre une fois, voyons voir si tu peux recommencer. Cette fois-ci, il y a de quoi tuer un boofankor, combiné avec un petit quelque chose qui retardera les symptômes. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais on verra. J’espère que tu souffriras avant de mourir, connard de meurtrier. »
Albion sentit qu’il lui injectait, encore une fois, quelque chose dans le dos. Amon murmura, souriant :
« Amuse-toi bien. »
Il se releva en rangeant la seringue dans son manteau puis se retourna vers les docteurs :
« C’est bon, il est sécurisé. Il ne pourra pas s’échapper, ni faire de mal à personne, ça c’est sûr. »
Albion ferma les yeux. Il ne pouvait rien faire. Que pouvait-il faire ? Crier qu’Amon était un menteur, un pécheur ? Si les dieux le voulaient, Amon payera pour ses crimes. Albion n’était qu’un soldat des dieux qui cherchait encore à prouver sa valeur. Il devait prouver sa valeur ! Après tout ce temps, il ne s’était que égaré… Il avait perdu de vu son but et s’était égaré. Il devait se remettre sur le droit chemin. Comment pourrait-il faire ça en étant mort ?
Il ouvrit les yeux et attendit. Il ne pouvait rien faire alors il attendait que la mort vienne. S’il avait de la chance, il pourra peut-être apercevoir les dieux… À moins qu’ils ne daignent pas adresser la parole à un échec comme lui. Il ne méritait sûrement pas… Serait-il puni ? Devra-t-il souffrir pendant l’éternité ? Il aurait dû suivre les principes. Ne jamais hésiter. Ne jamais se détourner. Ne jamais s’égarer. Il ne recommencera plus. Il avait appris de sa leçon. Qu’importe les autres, il suivrait ses principes.
Pourquoi prenait-il enfin cette décision quand il allait mourir ? Il soupira. Son destin était entre les mains des dieux. Il fit une prière silencieuse.
La voix d’Amon interrompit sa prière :
« Alors ? C’était bien, ta pause ?
-Oui, merci, répondit Natasha.
-Tu as eu le temps de manger et de boire un peu, de te reposer et te recharger ?
-Oui.
-Dans ce cas, ma journée est refaite ! Je vous laisse, dans ce cas. »
Amon partit, fier de lui, souriant. Albion savait pourquoi. Natasha s’approcha d’Albion. Elle demanda aux docteurs :
« Il va mieux ?
-Oui, oui. Va le mettre dans la cellule. »
Natasha le détacha et le força à se lever. Albion obéit. Il avait l’impression d’aller à son exécution. Il repensa à Leshty. Elle avait semblé triste de le voir blessé, encore une fois. Que penserait-elle en sachant qu’il avait été empoisonné, encore une fois ? Elle semblait si sûre, si forte. Il aurait bien aimé voir comment elle continuerait d’évoluer.
Ses jambes lâchèrent soudainement. Natasha le rattrapa et marmonna :
« Allez ! Je sais que tu vas mieux, pas la peine de faire semblant ! Avance ! »
Albion se redressa, le souffle rauque. Il avait du mal à respirer. Il arrivait à peine à voir où il mettait les pieds, encore moins à mettre un pied devant l’autre. Il continua d’avancer. Il n’avait pas spécialement envie de se reprendre le pistolet de Natasha.
Alors qu’il arrivait au cachot, il tomba à genou, incapable de se relever. Il toussa, encore et encore. Il sentait le sang couler sur son menton puis sur ses vêtements, sans qu’il puisse se retenir. Il remarqua à peine quand Natasha se mit devant lui, les yeux écarquillés. Mais quand elle tenta d’enlever son masque, il la repoussa du mieux qu’il put. Il marmonna sans pouvoir s’arrêter de tousser, la bouche plein de sang :
« N… Non… Pas… le… masque.
-Il faut bien te soigner ! »
Il secoua la tête. Qu’est-ce qui était le mieux ? Mourir ou enlever le masque ? Il murmura, à bout de force avant de s’effondrer :
« Tout… mais pas… ça. Pitié… »
Azarieth
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