DARK LUNACY RPG
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Azarieth - 18/07/2023

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Azarieth - 18/07/2023 Empty Azarieth - 18/07/2023

Message par Azarieth Mar 18 Juil - 11:58

Albion – [F2 ; 17h45]
Albion regarda l'homme, sans comprendre. Cet homme qui était entré pour jouer avec les
seringues, qui semblait ne pas être à sa place. Albion n’avait aucune idée de qui il était, ni même s’il
était un membre de la Dark Lunacy. Il était surtout mal à l'aise par ce contact étranger et ce regard
sinistre, mais ne réagit pas plus. Après tout, il était attaché. Que pouvait-il faire ? Il finit par
demander en voyant que l’homme ne parlait pas :
« Que voulez-vous? »
L’homme garda la tête posée sur sa poitrine, comme s’il entendait les mystères du monde. Il
finit par remarquer :
« Ne faites pas de bruit. J'essaie d'entendre la mort.
-... Je vais mourir?
-Silence. »
Après un moment, il soupira déçu.
« La mort est difficile cette nuit.
-Je ne comprends pas... Qui êtes-vous?
-Votre ancêtre », répondit-il en exagérant la dernière syllabe pour donner un air théâtral.
Son ancêtre ? Ce n’est pas logique. Albion n’avait pas de famille. Il n’en avait pas. Il avait tué
la seule famille qu’il avait. Albion plisse les yeux, sceptique. Ce n’était pas possible. Et pourtant…
Avait-il de la famille en dehors du culte des milles soleils ? Avait-il réellement un lien avec ce monde
qui lui était inconnu ? Albion finit par remarquer :
« Ça n'a aucun sens... Je... Vous êtes vraiment de ma famille?
-La mort ne doit pas être si loin que ça, conclut-il en se rendant compte qu'Albion était sur le point
de le croire. Voulez-vous que j'abrège vos souffrances ? »
Albion réfléchit sérieusement à la question. Abréger ses souffrances serait bien pratique.
Rien que toutes les drogues et médicaments dans son système lui embrouillait les idées. Si cet
homme pouvait vraiment le faire, dans ce cas-là, Albion deviendrait plus fort. Il aurait un moyen de
ne ressentir aucunement la douleur, la souffrance. Il serait bien plus fort.
Toutefois, ce serait un miracle. Un miracle relevant du divin. Albion doutait fortement que
cet homme n’est quoi que ce soit de divin. De toute manière, il ne méritait pas encore de rencontrer
les dieux ou de recevoir un cadeau de leur part. Albion était sûr qu’il avait trop péché. L’homme
parlait sûrement de tuer Albion. Pourquoi ? Que lui avait-il fait ? Était-il encore une de ses victimes ?
Venait-il le punir ? Dans tous les cas, il était loin, très loin d’avoir prouvé sa valeur aux dieux. Il devait
encore se repentir face à eux. Il avait trop transgressé les principes. Il devait se repentir. Il devait
impérativement se repentir. Il ne pourrait pas faire ça en étant mort. Albion remarqua :
« Si par abréger mes souffrances, vous entendez la mort, c'est non. Je dois encore servir mes maîtres.
- Je ne vous pensais pas aussi docile, lui fit-il remarque en tapotant le sommet de son crâne »
L’homme se mit à rire.
« Vous souhaitez me prouver vos bonnes intentions ?
-... Pas à vous spécifiquement. À la Dark Lunacy.
-Dis comme cela, vous donnez plutôt l'impression de cacher vos intentions sous de la politesse. Ayez
l'air plus convaincu. »
Albion réfléchit un moment à comment répondre. Il ne devait pas trop révéler. Il se répéta
cette phrase en boucle. Il ne savait pas qui était cet homme qui semblait vouloir le tuer. Albion finit
par répondre :
« Je ne souhaite plus servir la Cabale car ils me forçaient à aller contre mes principes. Est-ce que ça
vous suffit? Qui êtes-vous d'ailleurs? Je n'ai jamais entendu parler de... vous.
-Essayez de deviner !
-... Êtes-vous vraiment censé être ici?
-Bien sûr ! Je tiens à être à vos côtés quand vous rendrez votre dernier souffle.
-Combien de temps attendrez-vous pour voir mon dernier souffle?
-Le temps d'une vie ? » répondit l’homme en reportant son attention sur le masque
C’était trop long et aléatoire. Pourquoi est-ce que cet homme venu de nulle part parlait de
mort et de vie si facilement ? Il avait beau réfléchir, il avait l’impression de tourner en rond. Il avait
un mal de crâne et il dut fermer les yeux pour se reprendre, pour éviter de se mettre à vomir. Il
détestait se sentir ainsi. Allait-il mourir, comme l’homme semblait le prédire ? Dans ce cas-là,
pourquoi devrait-il attendre le temps d’une vie, comme il avait dit ? Albion finit par marmonner
d'une voix un peu pâteuse :
« Vous ne faites aucun sens. »
L’homme titilla le masque. Albion se débat pour pas qu'il enlève son masque ou qu'il voit son
visage.
« N'enlevez pas mon masque, s'il vous plaît. »
L’homme reste immobile et ne dit rien et titille son masque sans l’enlever. Albion ne dit rien
mais il le surveille, clairement mal à l'aise, tendu. L’homme finit par répondre en remuant le masque :
« Votre peau n'est pourtant pas collée à votre masque... »
Albion le savait, sinon il aurait eu plus de mal pour manger. Toutefois, ça ne l’empêchait pas
de suivre au moins ce principe. Il avait transgressé assez de principes comme ceci, il n’avait pas
besoin d’en rajouter. Plus il transgressait, plus il s’éloignait des dieux, de ses maîtres. Il garderait son
masque. Il ne l’enlèverait jamais. Il prouverait aux dieux qu’il en était capable, qu’il était capable de
suivre leurs principes, qu’il était à la hauteur, qu’il était digne d’être leur émissaire, leur serviteur et
leur guerrier. Tentant d'écarter sa tête de l’homme, Albion répondis d'une voix pâteuse :
« Hmmmm... Je préférerais ne pas l'enlever malgré tout... Vous voulez me voir mourir, certes. Je
respecte votre choix mais veuillez respecter le mien.
-Je ne tiens pas particulièrement à vous voir mourir. C'est seulement que je ne tiens pas à
expérimenter plus de douleur que nécessaire, dit l’homme en tapotant la poitrine d'Albion du bout
du doigt. Alors j'attendrais.
-J'espère que vous êtes patient, alors...
-Le temps passe vite quand on s'amuse. J'hésite à vous détacher... Cela pourrait être une source de
distraction et un moyen de nous revoir, mais j'ai pris des engagements récemment... Je ne peux pas
me permettre de tout ruiner avant même que cela ne commence à être intéressant. »
L'entité rit doucement.
« Je n'aime pas les dilemmes. Je fais toujours les mauvais choix. »
Albion se fit la remarque que cet inconnu était bizarre. Toutefois, il pouvait profiter de ce
moment. C’était sûrement sa seule chance. Mais faire un échange, un marché avec cet inconnu ne
serait-il pas dangereux ? Les dieux sauront-ils lui pardonner ? Ce n’était qu’une façon d’avancer, de
continuer. Il réfléchit, pesant le pour et le contre, avant de finalement proposer :
« Je peux vous aider si vous m'aider. Je peux facilement faire une distraction. Mais j'aimerais
récupérer mes affaires, surtout mon épée... s'il vous plaît.
-M'aidez à quoi faire ?
-Je peux faire en sorte de tout blâmer sur celui qui essaie de me tuer depuis que je suis ici. Personne
n'ira vous blâmer. Mais j'ai besoin d'être libre et d'avoir mes affaires. Qu'en dites-vous?
-Ce corps va bientôt mourrir. Il peut prendre le blâme pour les quelques erreurs que je vais faire. »
sourit-il en se redressant. Rester avachi aussi longtemps sur Albion avait laissé une marque sur le
visage du cadavre qui disparue rapidement. « Tant que vous êtes encore attaché... J'ai quelques
questions pour vous. Quel genre de malédiction fait pousser des cornes ? »
Une malédiction ? Albion était maudit ? Il ne saurait dire si c’était vrai ou pas, il avait
toujours vécu avec ces cornes, ces griffes et ces crocs. Il croyait qu’il était d’une autre espèce, comme
les elfes et les humains étaient deux races différentes. Une malédiction voulait dire qu’il avait été
fautif, qu’il devait être puni. Pourquoi ? Pour quoi ? Qu’avait-il fait ? Avait-il fait quelque chose dont il
ne se souvenait pas, beaucoup trop jeune pour s’en souvenir ? Ou les dieux avaient-ils vu l’avenir
pour voir qu’il méritait d’être maudit ? Était-il maudit à cause de Maya ? Était-il maudit à cause de la
Cabale ? Était-il maudit pour avoir éradiqué le culte des milles soleils ? Qu’est-ce qui avaient poussé
les dieux à le punir ? N’était-il pas à la hauteur ? Il essayait tant de se montrer digne, de prouver qu’il
était loyal et un fervent croyant. Et si tout ça n’avait servi à rien ? Et si, depuis le début, il était
condamné à échoué ?
Il serra les dents, tentant de contrôler sa respiration. Il ne devait pas douter des dieux. Il
devait croire en leur jugement. S’ils avaient décidé qu’il devait être maudis, s’ils avaient décidé qu’il
soit puni pour le restant de sa vie, qu’il en soit ainsi. Il accepterait ce destin qui le condamnait à
échouer. Albion se tourna vers l’inconnu qui n’avait pas bougé et demanda d’une petite voix :
« Je suis... maudis?... Être recouvert de caillou c'est une malédiction ?
-Hmmm... Un sort peut-être ? A moins que vous ayez toujours été ainsi... Alors c'est peut-être
héréditaire.
-Aussi longtemps dont je peux me souvenir, j'étais ainsi, oui.
-Alors vous ne pouvez véritablement pas m'aider... » ria l’homme.
Ce dernier se leva et fit le tour du lit pour détacher une à une les lanières qui le retenait.
Quand il eut finit, il se rapprocha pour soulever Albion du lit. Il essaya une première fois, échoua,
puis réessaya après avoir privé ses autres corps de quelques neurones. Albion se laissait faire, les
drogues dans son système le rendant momentanément immobile, assomé.
« Pouvez-vous marcher ? finit-il par demander
-Bien sûr. » Albion se leva et dut rapidement se rattraper au bord du lit pour ne pas tomber. Il resta
immobile un moment puis marmonna : « Je... J'ai un peu du mal à cause de l'empoisonnement, mais
ça devrait aller. Merci pour votre aide. »
L’homme attrapa son bras et le cala dans le sien pour éviter qu'il ne tombe.
« Vous aviez mentionné des effets personnels à récupérer ?
-Vous savez où ils se trouvent?
-Ce sont les vôtres !
-En effet, oui. » Albion finit par s'écarter et regarde autour de lui. « Mais ça n'empêche que je ne sais
pas où ils ont mis mes effets. Sûrement dans le sous-sol... Peut-être. C'est là que j'étais enfermé,
mais il doit y avoir beaucoup trop de monde pour que j'y aille et j'en ressorte sans problème.
-Avez-vous réellement besoin de les récupérer ? »
Pourquoi voulait-il partir ? Pourquoi voulait-il s’échapper ? Il ne savait plus, pour un petit
moment, puis il se rappela de pourquoi il était dans cet état en premier lieu. Amon. Il devait se
venger, montrer qu’il était le plus fort. Non, s’il voulait intégrer la guilde sans problème, ce n’était
pas ainsi qu’il fallait commencer. Il devait aller voir Miguël. S’il n’était pas armé, peut-être pourrait-il
parler plus tranquillement. Il devra juste prier et croire en ses maîtres, ses dieux, pour qu’il n’ait pas
besoin de combattre pour atteindre le chef de la guilde. Albion remarqua donc :
« Peut-être pas. Si vous pouviez m'indiquer où se trouve Miguël... Je dois lui parler, si possible.
-Je ne suis pas sûr de le savoir. Et si je l'ai su, je l'ai sûrement oublié... grommela-t-il. La vieillesse. »
Albion regarda l’homme qui semblait n’avoir que la trentaine pendant un court moment. Si
un homme semblant avoir le trentaine était considéré comme vieux, qu’était-il, lui, qui avait plus de
40 ans ? S’il était trop vieux, pouvait-il toujours servir les dieux ? Ne serait-il pas trop tard ? Il
demanda, perplexe :
« Vous êtes vieux?
-Bien trop », confia-t-il en l'emmenant vers la sortie
Albion le suivit, toujours perplexe, mais ne dit rien. Si un homme ayant la trentaine était
vieux, qu’était-il ? Albion suivit, hésitant, et finit par demander :
« Vous m'emmenez voir Miguël, n'est-ce pas?
-Je crains que vous deviez vous débrouiller seul pour le trouver... Mais je peux vous montrer le
chemin vers les membres de sa guilde, si cela peut vous aider.
-Je crains que ce ne soit pas une bonne idée... Je préfèrerais parler à Miguël directement.
-Si je comprends bien, nous craignons tous les deux », plaisanta-t-il en continuant d'avancer.
Ils étaient bientôt sortis du bâtiment. Albion s'arrête et regarda autour de lui. Il remarqua:
« Je ne suis pas sûr qu'aucun membre de la guilde aimerait me voir libre. Je serai sûrement enfermé
et à la merci de n'importe qui voulant me tuer. »
Il s'écarta finalement de l’inconnu et affirma :
« Si vous ne pouvez pas m'y conduire, il vaudrait mieux que nous nous séparons.
-Rendez-moi un service alors.
-... Bien sûr, dans la mesure du possible.
-Attendez mon retour avant de mourir. Je viendrais chercher votre corps.
-Seuls les dieux décideront de mon sort.
-Les dieux ne décideront pas pour vous. Libre à vous de mourir dont vous le souhaitez. »
Albion s'écarta d'un coup sec et rétorqua :
« Les dieux sont mes maîtres et décident ainsi de mon sort. Je suis désolé si cela ne vous convient
pas, mais les choses en sont ainsi. Les dieux sont les maîtres en ce monde. »
L’homme se rapprocha, amusé, et lui tapota la tête.
« Les vieilles croyances ont la dent dure. » Il sourit. « Vous avez réussi à me rendre nostalgique. Je
devrais peut-être me remarier. »
Albion écarta d'un coup sec la main de l’homme et remarqua :
« Merci pour votre aide. Si les dieux le veulent, nous nous reverrons et je pourrais m'acquitter
proprement de ma dette. »
Il finit par sortir de l'infirmerie, méfiant, regardant aux alentours, faisant en sorte de ne pas
être repéré.

Noctalis – [F2 ; 18h02]
Noctalis fit tourner le liquide dans son verre. Du jus de caprhisheun. C’était sucré, mais avec
un arrière-goût un peu amer. Quelques membres de la Dark Lunacy étaient déjà là, à discuter, à boire
ou à manger. Noctalis connaissait à présent le visage de la plupart des membres, mais ne s’était pas
embêté à retenir leurs noms. Elle n’était pas encore membre de la guilde officiellement, mais après la
chasse de l’autre jour, il y a presque une semaine, elle avait mérité un minimum de respect. Le
monstre était toujours dans son trou, étroitement surveillée par la guilde, pendant qu’Amphitryon
était interrogé et emprisonné. Noctalis n’avait pas cherché à savoir plus, tout durant que le monstre
était sous contrôle et qu’Amphitryon réponde de ses actions, elle n’avait cure de la suite.
« Tu as l’air un peu… perdue, remarqua Bianca.
-Ah ? Peut-être parce que je n’ai pas encore trouvé ma place, répondit Noctalis en haussant les
épaules. Tout le monde a l’air de se connaître…
-Pas spécialement, la coupa gentiment Bianca. C’est une grande guilde. Il y a tellement de membre
qu’une bonne moitié au moins ne connait même pas le visage de la plupart des membres…
-Tu dis ça juste pour me rassurer.
-… Oui, mais ce n’est pas entièrement faux. Tu apprendras à t’y faire. On est tous en train d’attendre
quelque chose ou quelqu’un en ce moment, du coup la guilde entière se retrouve un peu en arrêt,
surtout avec les nouveaux membres, les trahisons et les procès à gérer…
-J’ai cru comprendre. Ça fait tout de même plusieurs jours qu’on attend.
-Lyra et Miguël font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Il a fallu attendre que tout le monde
revienne pour récolter un maximum d’informations puis…
-Ouais, les choses n’ont fait qu’empirer.
-Tu verras… Tu n’es pas arrivée au bon moment, je te l’assure. Une fois que les choses seront réglées,
les missions reprendront et tu pourras te faire des connaissances. Tu n’es pas non plus la seule à être
nouvelle… Il y a Roy et Caesar aussi, de mémoire. Peut-être que tu pourrais leur parler.
-Je ne sais pas pour Caesar, mais j’ai eu l’occasion de parler avec Roy, marmonna Noctalis en
grimaçant. Si ce vieux grincheux aigri veut avoir affaire à moi, c’est pour ajouter mes dents et mes
griffes à ses trophées de chasse.
-J’ai cru comprendre que les choses étaient compliquées pour lui… remarqua Bianca, gênée par la
remarque acerbe de Noctalis.
-Ça n’excuse pas son comportement déplacé. Enfin, ce n’est pas bien grave tout durant qu’il ne vient
pas me tuer pendant que je dors ou pire.
-Il est grincheux mais il est gentil.
-Gentil, je sais pas, mais au moins il peut faire équipe pour gérer une situation. C’est déjà ça. Ce serait
con que son racisme l’empêche de faire une mission simple…
-Ça s’est si mal passé que ça ?
-Il s’est bien vanté d’avoir tué 35… non, 32 jaguariens à mon visage, tout fier. Je veux bien que ce soit
compliqué pour lui, mais si je vous disais à votre face en portant un collier arborant un doigt
d’humain, que j’avais tué 32 humains enragés, on n’aurait pas la même conversation. »
Bianca ouvrit la bouche, soudain blême, puis se ravisa. Elle se plongea dans la vaisselle.
Leshty finit par revenir, après avoir servi tout le monde, avoir pris les commandes et avoir nettoyé les
tables et le sol. Bianca remarqua en souriant :
« Merci beaucoup, Leshty ! Tu m’aides vraiment !
-Pas de quoi, répondit la blonde en époussetant son tablier.
-Je te laisse en charge pendant quelques minutes, d’accord ? Il ne reste presque plus de B-hier. Tu ne
veux pas voir ce les lunaciens donnent sans leur B-hier, s’esclaffa Bianca.
-C’est si bon que ça ?
-Bof, mais ça descend vite, surprenamment. Plus que prévu, en tout cas. Je reviens. »
Bianca laissa Leshty seule au bar. Noctalis observa Leshty s’occuper du bar. Leshty était
toujours pleine d’énergie, toujours souriante. C’était toujours mieux que lors de leur première
rencontre, blessée et presque nue. Leshty finit par remarquer après un moment :
« Je ne vous ai pas remercié… Pour l’autre fois. »
Noctalis sourit, amusée. Visiblement, Leshty avait pensé à la même chose. Noctalis
remarqua tranquillement en finissant son verre :
« C’est normal. Je suis contente que tu ailles mieux.
-J’ai… eu un peu d’aide.
-Tant mieux. Tout se passe bien, sinon ?
-Je suppose que oui… Même si les choses ne semblent pas en ma faveur.
-C’est-à-dire ?
-Eh bien… Je risque de perdre tout ce qui me reste… La Dark Lunacy est la dernière chose qui se
rapproche à une famille pour moi, mais ils ont découvert la vérité et je suis en attente du jugement.
-Est-ce que Drogard mentait lorsqu’il disait que tu étais d’une espèce qui se métamorphose ?
-… Non. »
Bianca revint, d’un pas rapide, inquiète. Leshty le remarqua tout de suite et demanda :
« Bianca ? Que se passe-t-il ?
-Je… Albion s’est échappé. »

(Albion)
Son esprit était encore embrouillé suite à la batterie de drogues qu’il avait reçue dans son
sang. L’empoisonnement… Non, les empoisonnements d’Amon, les médicaments pour le sauver, les
traitements et autres pour le sortir des bras de la mort… Tout ça lui tournait la tête. Il se souvenait à
peine de la conversation qu’il venait d’avoir. Il savait que quelqu’un de… bizarre l’avait libéré.
Quelqu’un qui avait osé douter des dieux. Quelqu’un qui l’avait éclairé quant à sa destinée. Il était
maudit. Il était condamné. À cause de son passé ou son futur, qu’importe. Il était condamné à
échouer et à être puni. Ainsi était sa vie. N’était-ce pas pour ça qu’il était maudit ? C’était ce que ses
maîtres avaient prévu pour lui et il l’acceptait. Il continuerait de prier, dans l’espoir infime qu’il se
montre à la hauteur, qu’il se montre digne.
Il marchait un peu au hasard. Il ne connaissait rien du QG de la Dark Lunacy et il ne
connaissait personne de la guilde. Il fallait qu’il soit réaliste : s’il croisait quelqu’un, il n’était pas en
état de se battre. Il devrait tenter de raisonner mais son cerveau en serait-il capable ? Il trébucha et
faillit tomber, mais il se rattrapa au dernier moment.
Où allait-il ? Que voulait-il faire ? Il secoua la tête. Il devait confronter le chef de la Dark
Lunacy à propos d’Amon. C’était la chose… logique à faire, non ? Dénoncer quelqu’un qui lui faisait
du mal alors qu’il était vulnérable… Il était simplement plus fort. Albion devait être le plus fort. Il
devait écraser, éradiquer les plus faibles pour prouver sa valeur aux dieux. Il ne devait en aucun cas
devenir faible lui-même. Jamais. Il ne devait pas être faible. Dénoncer plus fort que soit à une tierce
personne au lieu de s’en occuper soi-même… N’était-ce pas considéré comme faible ? Il devait gérer
Amon à lui tout seul.
Il était à la Dark Lunacy. Il n’était plus à la Cabale. De plus, il ne se ferait pas bien voir s’il
gérait Amon de lui-même. Albion secoua la tête. Pourquoi est-ce qu’il ne pourrait pas gérer les
menaces de lui-même ? Il prouverait qu’il est fort, aux dieux et à la Dark Lunacy.
Alors qu’il retrouvait l’équilibre, Albion entendit des pas venir vers lui. Il se colla au mur par
réflexe, mais les pas venaient de plus loin. Il y avait une intersection de couloir, plus loin. Albion
entendit une porte s’ouvrir puis se refermer. Le silence revint. Plus pour longtemps car des voix
s’approchèrent, mais cette fois de derrière Albion. Celui-ci se mit à marcher rapidement pour
s’écarter des voix qui venaient vers lui. Il arriva à l’intersection mais ne savait pas où aller, alors il prit
une direction au hasard… Pour se prendre la porte qui s’ouvrit à grande volée en plein visage.
Déboussolé, il secoua la tête, chancelant. Sa blessure au dos, encore un souvenir récent
d’Amon, lui lança la poitrine. Les docteurs de la guilde avaient fait leur possible mais elle n’était pas
totalement cicatrisée. Peut-être s’était-elle-même rouverte.
« Oh, je suis désolée… Je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un. »
Albion releva la tête pour remarquer une jeune femme rousse aux cheveux longs qui le
dévisageait, à la fois surprise et troublée, les bras chargées de caisses poussiéreuses remplis de
bouteilles. Albion la toisa de haut. Si quelqu’un buvait autant d’alcool à lui tout seul, était-il digne des
dieux ? Sûrement pas. La jeune femme demanda :
« Qui êtes-vous ?
-Est-ce que vous pourriez m’indiquer où je pourrais trouver Miguël ?
-Pas sans savoir qui vous êtes… » affirma la jeune femme
Albion regarda autour de lui, nerveux. Les voix s’approchaient. Il ne pensait pas qu’il
croiserait quelqu’un aussi rapidement. Il savait qu’il ne pourrait pas aller bien loin, pourtant. Il
marmonna :
« Je suis désolé… J’ai l’esprit un peu embrouillé.
-… Seriez-vous le priso– »
Albion se mit à courir, ne la laissant pas finir. Personne n’allait l’aider. Il était seul contre
tous. C’était ainsi à la Cabale, où seul les plus forts, ceux qui prouvaient leur loyauté à Crémobeurre,
pouvaient avoir de l’influence. Ici aussi, ce serait pareil. Pour le peu qu’il trouverait Miguël, qu’est-ce
qu’il ferait ? Il prouverait simplement qu’il était faible et non coopératif. Il serait encore moins
avantagé que lorsqu’il était attaché à un lit, sans pouvoir rien faire pour se défendre face à la furie
d’Amon. Pour le peu que Miguël face fi de son escapade, pourquoi l’aiderait-il ?
Soudain, Albion trébucha. Il avait le vertige. Il se rattrapa de justesse au mur. Il ferma les
yeux, tentant de reprendre son souffle. Il transpirait, peut-être un peu trop. Il avait couru pour
s’éloigner de la rousse et des voix, mais où était-il ? Il se releva, affaibli. Il aurait mieux fallu qu’il se
repose, mais il n’en avait ni le temps ni l’occasion.
Il devait trouver Amon et lui faire payer, lui montrer qui était le plus fort. Amon n’était qu’un
bon à rien qui ne respectait même pas les règles. Que faisait-il à la Dark Lunacy ? Vu comment il était
obsédé par la vengeance envers Albion, ce ne serait pas étonnant qu’il veuille simplement prendre sa
revanche également envers la Cabale. La Dark Lunacy acceptait de prendre comme membre des
criminels et des fraudes déloyales ? Albion ne se souvenait pas exactement de comment, mais il
savait qu’Amon était une fraude. Il se souvenait de l’ordre de Crémobeurre le concernant.
Albion finit par se relever. Il remarqua seulement maintenant que son manteau et sa
chemise étaient troués et déchirés à certains endroits laissant apercevoir sa peau anormalement
blanche. Alors qu’Albion se disait qu’il devrait réparer ça au plus vite, il entendit des portes s’ouvrir,
des pas et des voix, non loin. Il devait trouver Amon au plus vite. Il avait déjà été repéré une fois,
c’était un miracle qu’il ne soit pas encore repéré.
Albion finit par se remettre en route. Il ouvrit au hasard une porte et se retrouva à
l’extérieur, dans le froid et la fraicheur. Il faisait presque nuit. L’air était frais. Quelques étoiles
scintillaient ici et là, malgré la lumière persistante du soleil qui tintait le ciel de nuances de rose et
orange. Albion se demanda soudainement si les dieux le regardaient en ce moment même. Que
penseraient-ils de lui ? Serait-il digne ? Tout durant qu’il n’avait pas prouvé qu’il était le plus fort,
tout durant qu’il ne s’était pas repenti de ne pas avoir suivi les neufs principes, il n’était même pas
digne de se présenter face aux dieux. Il fit une prière rapide pour tenter de se faire pardonner et
implorer aux dieux de lui laisser une seconde chance.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Albion ouvrit les yeux. Il reconnut tout de suite l’homme au chapeau qui marchait
rapidement vers lui, son pistolet déjà sorti. L’homme au chapeau l’avait aussi reconnu, visiblement.
L’homme portait déjà sa main à sa ceinture, où était accrochée une corde. Albion se mit à courir,
retournant à l’intérieur. Pas question de se refaire prisonnier. Pas avant de s’être occupé d’Amon.
Albion entendit des pas derrière lui qui le poursuivait.
« Arrête toi ou je te tire dessus ! »
Albion ne s’arrêta pas et continua de courir, tournant dès qu’il pouvait montant les escaliers,
tout pour éviter les éventuelles balles. Pourtant, il n’y avait pas de tir, pas de balles qui venait siffler à
ses oreilles ou lui transpercer la chair. Soudain, Albion se trouva nez à nez avec un homme qui cligna
des yeux. Il demanda, inquiet :
« Que se passe-t-il ?
-Je suis poursuivi. Il veut me tirer dessus.
-Tout va bien ?
-Ça ira mieux une fois que…
-Hé ! Il ne doit pas s’échapper ! Il… » s’exclama l’homme au chapeau en brandissant son pistolet.
L’homme prit Albion par le bras et le tira, sans laisser le temps à son poursuivant de finir sa
phrase. Les deux hommes se mirent à courir. La fierté d’Albion en avait pris un coup. Il n’avait pas
besoin de quelqu’un pour courir. Toutefois, il devait bien avouer que seul, il aurait eu plus de mal.
Après quelques tours, Albion se retrouva dans une chambre avec l’homme qui lui bloqua la sortie.
Albion regarda autour de lui. C’était une chambre assez simple, avec un lit et quelques meubles. Une
fenêtre laissait apercevoir la forêt aux abords du nouveau QG de la Dark Lunacy. L’homme remarqua
d’une voix posée :
« Je m’appelle David, mais vous pouvez m’appeler Dave. Et vous ? »
Albion ne fit pas de commentaire sur le fait qu’il devait accepter le nom que les dieux lui
avaient octroyé, qu’il n’avait pas à déformer la création des dieux. Ce n’était ni le lieu ni le moment. Il
répondit simplement :
« Albion.
-Pourquoi est-ce que cet homme vous poursuivait ? Que vous est-il arrivé ?
-J’ai été empoisonné, remarqua simplement Albion. J’ai encore l’esprit embrouillé.
-Il faut que vous alliez à l’infirmerie.
-J’en viens. C’est grâce à ça que je suis encore en vie.
-Et… C’est votre poursuivant qui vous a empoisonné ?
-Non. C’est une autre histoire. Celui qui m’a empoisonné s’appelle Amon Knightlord. Il a unt dent
contre moi et a profité d’un moment de faiblesse de ma part. »
Albion, après avoir examiné rapidement la chambre, finit par s’asseoir à même le sol,
essoufflé. Il avait des maux de tête. David affirma :
« Vous n’allez clairement pas bien. Vous devriez retourner à l’infirmerie.
-J’ai juste besoin d’un peu de repos, c’est tout, souffla Albion. Mais j’ai d’autres priorités.
-Échapper à votre poursuivant ?
-Entre autre…
-… Pourquoi vous poursuivait-il ?
-Pour me capturer et m’emprisonner. Je règlerais cela une fois que j’aurais accompli ce que je veux
faire.
-Que voulez-vous faire ?
-Mettre les choses au clair avec Amon. »

Keith – [F2 ; 16h45]
Drogard Mankiefele. Ce nom tournait en rond dans sa tête alors qu’il faisait les cents pas
dans la chambre qui lui était assigné. Keith connaissait ce nom mais il était persuadé que c’était nom
qui datait d’une autre époque. Il était mort. Mort depuis longtemps. Ce n’était qu’une coïncidence,
n’est-ce pas ? Ce n’était pas possible. De plus, Drogard, celui que Keith connaissait, ne pouvait pas
avoir empoisonné quelqu’un, si ?
Keith secoua la tête. Il était mort. Pas besoin de ressasser. Ce n’était qu’une coïncidence.
Une pure coïncidence. Il fit demi-tour, plongé dans ses pensées, et encore demi-tour. Il avait beau
tenter de se persuader que ce n’était qu’une coïncidence, il n’arrivait pas à passer à autre chose.
Même durant la matinée où il avait aidé là où il pouvait, il n’arrivait pas à se défaire de l’idée que
quelque de son passé était toujours vivant. Comment était-ce possible ? Les humains n’étaient-ils pas
mortels ?
Et le sous-entendu sinistre d’Amon occupait le restant de ses pensées, également. Est-ce que
la guilde avait réellement changée au point d’abriter des traitres et des espions ? Est-ce que la guilde
avait perdu de sa grandeur au point qu’elle s’effondrera bientôt ? Il venait à peine de se rendre
compte que la guilde pouvait être sa maison, un lieu où il pouvait venir et se reposer, en sécurité.
Était-il parti trop longtemps pour pouvoir voir le changement, pour tenter de l’éviter ? Ou la guilde
était-elle ainsi depuis le début, mais il n’avait pas été attentif pour le voir ? Miguël lui aurait-il caché
l’état de la guilde ? Est-ce que ça valait vraiment le coup de revenir ou devait-il repartir avant qu’il ne
soit trop tard ? Il savait qu’il avait une dette envers Miguël, mais il ne voulait pas non plus se
retrouver lié à une guilde commettant des crimes, faisant du mal, corrompue jusqu’à la moelle.
Il aurait bien aimé parler à Miguël mais celui-ci semblait occupé. Il ne connaissait personne.
Personne… Sauf peut-être quelqu’un. De toute façon, il n’allait pas pouvoir penser à autre chose
avant de mettre ça au clair.
Keith se mit donc en route. Mais pour aller où ? Il ne savait pas où était Drogard. Keith
tourna, avança, mais ne semblait même pas pouvoir sortir du bâtiment. Il avait beau descendre et
monter les escaliers, il ne s’y retrouvait pas. Il croisait bien des personnes, mais il ne les connaissait
pas, pour la plupart. Devrait-il les aborder et leur demander de l’aide ? Ou bien étaient-ils tous
corrompu ? Keith ne savait plus s’il pouvait faire confiance à qui que ce soit, ni même ce qu’il pouvait
croire ou pas. Il devait vérifier. Il savait comment. Il devait simplement trouver où était ce Drogard.
S’il avait échappé à Miguël, où pouvait-il être ?
Il finit par trouver la taverne, avec Bianca qui nettoyait des verres. Il était encore trop tôt
pour qu’il y ait beaucoup de clients. Keith resta planté pendant un moment devant Bianca. Que
devait-il dire ? Pouvait-il tout lui dire ou lui dire la vérité ? Peut-être… Après tout, elle était là, elle
aussi, quand Amon avait fait ses accusations. Lorsqu’Amon était parti, elle n’avait rien dit, mais Keith
avait bien compris ce qu’elle en pensait avec son expression un peu surprise. Quelque chose l’avait
étonnée, mais ça ne semblait pas être l’accusation envers Drogard, visiblement tout le monde savait
ce qu’il avait fait à part Keith. Était-elle toujours loyal à la guilde car elle était trop aveuglée par ses
sentiments ou est-ce que la guilde était toujours digne et correcte ? Bianca semblait être une jeune
femme respectable, Keith ne pensait pas qu’elle serait dans une guilde de corrompu et de traitres.
Avant qu’il puisse se décider, Bianca demanda en rigolant un peu :
« Eh bien, tu vas rester planté là à me regarder ou tu as quelque chose à me dire ?
-Euh… C’est que… Je…
-Tu t’es encore perdu ?
-Je… Je cherche Drogard Mankiefele.
-Pourquoi ? demanda aussitôt Bianca.
-Je cherche à déterminer quelque chose.
-Est-ce que ça a un rapport avec ce qu’Amon a dit hier ?
-… Oui. Est-ce que c’est vrai, ce qu’il a dit ?
-Je ne sais pas, mais ce n’est pas à toi de le vérifier.
-J’ai besoin de vérifier. Si vous savez où il est, dites-moi, s’il vous plaît. »
Bianca plissa les yeux, méfiante. Keith insista :
« Je vous ai montré que j’ai la confiance de Miguël, non ?
-Certes, mais ça ne veut pas dire que vous pouvez faire comme bon vous semble…
-Qu’est-ce que je peux faire, exactement ? remarqua Keith. Je ne sais même pas où se trouve ma
chambre malgré un plan… Je n’ai jamais été une menace, je le promets. Je veux simplement vérifier
quelque chose afin d’en avoir le cœur net.
-Et que voulez-vous vérifier ?
-Drogard, qu’a-t-il fait exactement ?
-Après l’avoir kidnappé et torturé, il a transpercé un membre de la guilde et a failli la tuer. Amon te
l’a dit, non ?
-Effectivement, mais j’aimerais… avoir sa version des choses.
-Pourquoi ?
-Mettre les choses au claire.
-Vous le connaissez ?
-… Sûrement. Ça fait longtemps que je l’ai vu, mais… voilà. J’aimerais savoir pourquoi il a fait ça.
-Très bien. » soupira Bianca.
Bianca héla la blonde qui l’aidait pour lui laisser les commandes. Keith suivit Bianca jusqu’au
bureau de Miguël. Ce dernier était occupé, visiblement. Il parlait avec une autre femme avec le
regard dur. Bianca la salua, l’appelant Lyra. Keith était sûr qu’il oublierait ce nom dans l’heure qui
suivait. Bianca et Keith attendirent pendant encore quelques minutes, le temps que Lyra et Miguël
finissent leur discussion. Keith aurait bien voulu suivre leur discussion mais il ne savait même pas de
quoi ils parlaient. Il arrivait juste à comprendre qu’ils parlaient de tribunaux, jugement et crimes.
Donc il y avait bien un, voire plusieurs, procès qui devaient avoir lieu. Mais pour qui ? Qui devait être
puni ? Est-ce que les jugements étaient justes ? Y avait-il réellement aucun profit dans ces
tribunaux ?
Keith ne pouvait pas vraiment poser ce genre de questions à Miguël sans fondement. Il ne
voulait pas non plus froisser son vieil ami, surtout s’il se trompait. Il devait tout d’abord s’assurer du
fondement de ses suspicions. Pour ça, il devait aller voir Drogard.
« Qu’y a-t-il, Bianca ? demanda Miguël après un moment. Fais vite, s’il te plaît.
-J’accompagne seulement Keith.
-Ah…
-Désolé, je serai rapide, remarqua Keith d’une voix nerveuse. J’aimerais visiter Drogard pour lui
parler.
-Pourquoi t’intéresses-tu à lui ? demanda Miguël
-J’ai… Je crois que je le connais. Si c’est le cas, je voudrais savoir pourquoi il a fait tous ces crimes
dont il est accusé.
-Hm… C’est d’accord, remarqua Miguël après un moment de réflexion. Bianca, accompagne-le à
l’infirmerie, qu’il ne se perde pas. »

(Albion)
« Vous ne comptez pas lui faire de mal, n’est-ce pas ? »
Albion avait fermé les yeux pendant quelques minutes avant que David reprenne ses
questions. Albion ne répondit pas. David continua :
« Répondre à la violence par la violence n’est jamais une bonne idée. Ça ne fera que causer encore
plus de pertes. Si vous vous parlez, vous pourriez peut-être trouver un terrain d’arrangement.
-Est-ce que vous savez où il est ? demanda Albion, de but en blanc.
-Malheureusement, non. Je ne connais personne. Je suis encore nouveau à la guilde. »
Un silence s’installa. David ne comptais visiblement pas le laisser partir malgré tout. Il était
méfiant. Albion demanda :
« Pourquoi êtes-vous si méfiant ?
-Pourquoi votre poursuivant voulait vous tirer dessus s’il voulait vous capturer vivant ?
-C’était une simple menace, je suppose. Peut-être qu’il ne voulait pas tirer dans un lieu fermé. »
Albion se releva. Plus de temps passait, plus il risquait d’être découvert avant de pouvoir
montrer à Amon qu’il n’était, qu’il n’avait aucune répercussion. Pourtant, s’il voulait intégrer la Dark
Lunacy, il valait mieux en parler au chef, Miguël, avant tout. Ses principes lui dictaient de régler ses
comptes directement avec Amon. Il voulait se débarrasser d’Amon et ainsi prouver qu’il était le plus
fort. Toutefois, il devait réfléchir sur le long terme et ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Il
ne devait pas se laisser influencer par les drogues dans son système ni par ses émotions. Toute
émotion, aussi futile soit-elle, devait être ignorée et enterrée. Il ne devait rien ressentir pour se
rapprocher des dieux et se montrer digne. Il devait surpasser ses émotions. Il devait tout surpasser. Il
finit par remarquer :
« Je pourrais m’expliquer à Miguël, le chef de la guilde. Croyez-vous que c’est possible ?
-Je ne sais pas, désolé. De ce que j’ai compris, toutefois, il est très très occupé.
-Je ferais avec. Vous savez où je pourrais le trouver ?
-Malheureusement, non. Pourquoi voulez-vous le voir ?
-Je dois bien lui rapporter qu’Amon m’a empoisonné, non ? Il saura quoi faire.
-Hm… Certes. Eh bien… Je suppose que Bianca pourrait t’aider sur ce domaine. Elle s’occupe de la
taverne…
-D’accord, merci.
-Vous y allez seul ?
-Oui.
-Je peux vous accompagner… Vous…
-Non, ça ira, le coupa Albion. Je… discuterai avec mon poursuivant, si je le revois. Je ne compte pas
causer d’autres soucis. »
David le toisa pendant un moment. Albion se demanda s’il se méfiait de lui, pire, s’il allait le
dénoncer et le retenir prisonnier dans cette chambre. Finalement, David s’écarta en affirmant :
« Je suis désolé pour ce qui vous arrive, mais j’espère que vous pourrez trouver la paix et régler tous
vos problèmes.
-Oui, moi aussi.
-Bonne chance. »
Albion ressortit de la chambre, méfiant, regardant à droite et à gauche, s’assurant qu’il n’y
avait personne. Il entendait beaucoup de raffut, mais personne en vue pour le moment. Il en profita
pour sortir rapidement. Il devait trouver Miguël. C’était la meilleure solution maintenant qu’il y
pensait à tête reposée, avec un peu moins de drogue dans son sang.
Malgré tout, il n’était pas plus avancé. Sans aide, il ne pourrait sûrement pas approcher
Miguël si facilement. Alors qu’il descendait des escaliers, il croisa un jeune homme portant un cacheœil. L’un d’eux devait reculer pour laisser passer l’autre puisque l’escalier était trop étroit. Albion
entendit des voix qui se rapprochait et des pas qui couraient. Il n’avait pas le temps d’hésiter. Il
descendit rapidement les escaliers, ne voulant pas perdre de temps.
Il cligna des yeux, soudain pris d’un malaise. Il avait été trop rapide et trop sûr de lui. Bien
qu’il puisse réfléchir de manière plus raisonnable, son corps était toujours sous l’effet des drogues. Il
glissa et tomba. Il ne vit rien, trop sonné. Il ne savait même pas s’il fermait les yeux ou s’il tombait
dans l’inconscience.

(Noctalis)
Noctalis était sur les traces de ce fameux Albion. Elle s’était proposée comme volontaire,
argumentant qu’elle avait un sens de l’odorat assez développé pour le retrouver. Elle avait fini par
trouver sa trace, au hasard, juste au moment où Roy rangeait son pistolet en soupirant
d’exaspération. Noctalis remarqua :
« Alors, le chasseur perd sa proie ?
-Pas pour très longtemps.
-Eh bien, allez-y, cherchez-le…
-Vous cherchez le cabaliard échappé, vous aussi ?
-Oui, mais je ne suis pas enchantée de travailler de nouveau avec vous. » marmonna Noctalis
Elle regarda autour d’elle. Plus longtemps ils attendaient, plus Albion prenait de l’avance. À
vrai dire, elle espérait que Roy refuse de refaire équipe. Ce n’était pas très efficace de travailler avec
quelqu’un qui vous haïssait pour le simple fait d’exister. Roy lâcha un long soupir et remarqua :
« Il paraît que ça s’appelle le progrès. »
Noctalis ricana puis se remit en route suivant la piste. Elle indiqua quand elle suivit la piste à
l’intérieur de la chambre pour y repartir. Celle ou celui qui était à l’intérieur avait hébergé Albion
pendant un temps. Quelqu’un vérifier son identité. Un certain David, ou Dave, nouveau à la guilde.
Noctalis continua de suivre la piste, parlant peu, surtout que le moindre commentaire pouvait
potentiellement mettre en colère le vieux grincheux.
En bas d’un escalier, il y eu une nouvelle odeur. Elle semblait reconnaître cette odeur, mais
elle n’eut pas le temps de vraiment l’identifier. Noctalis eut à peine le temps de la remarquer que
Roy affirma :
« Il s’enfuit ! »
Noctalis leva la tête pour effectivement voir un bout de cape disparaître au coin du couloir.
Noctalis se mit à courir, le poursuivant, suivit de Roy. Ils grimpèrent les escaliers, mais, alors qu’ils
arrivaient au sommet, prêt à arrêter Albion qui les voyait approcher, une ombre se profila soudain
au-dessus d’eux. Ils dégringolèrent les escaliers et se retrouvèrent au sol dans un mélimélo de bras et
de jambes. Roy se mit à grogner et à marmonner, tentant de se défaire. Noctalis, quant à elle,
poussa brutalement le corps qui s’était avachi sur eux, les libérant tous au passage. Alors que Roy se
mettait en course-poursuite, Noctalis reconnut Grégor, dont elle se souvenait surtout pour sa
téléportation foireuse. Elle ignora tout ça, pour l’instant et demanda :
« Tout va bien ? Que s’est-il passé ?
-Je… J’ai été poussé dans les escaliers alors que j’essayais d’aider quelqu’un…
-Tu aidais Albion ?
-Oui, vous le connaissez ?
-Pas personnellement, mais il paraît que c’est un officier de la Cabale en cavale.
-Un officier de la Cabale ? répéta le jeune homme soudain blême
-Qu’est-ce qu’il vous a dit ?
-Hé ! On n’a pas le temps. Par où est-il passé ?
-Il veut aller voir Miguël. » répondit Grégor.
Noctalis monta les escaliers quatre à quatre et suivit l’odeur, encore une fois, suivie de Roy
et Grégor. Une fois devant le bureau de Miguël, Noctalis tenta d’ouvrir la porte, en vain. Il y avait un
poids derrière qui les empêchait d’ouvrir. Toutefois, au vu des voix qu’elle entendait, Miguël et
Albion étaient en pleine discussion. Roy remarqua :
« On peut passer par la fenêtre ou…
-Vous en seriez capable ? demanda Noctalis, sarcastique. Ce n’est pas la peine. Je les entends
discuter. Je ne pense pas que Miguël est en danger, ajouta-t-elle avant de le laisser répondre. On n’a
qu’à attendre au lieu de s’efforcer pour rien. »
Roy la fusilla du regard. Grégor s’interposa et remarqua calmement :
« S’il n’y a rien à faire, autant attendre. On peut faire confiance à Miguël pour régler la situation.
-Il n’en sera pas plus content, marmonna Noctalis. Surtout que je vois mal Albion se libérer seul de
ses restreintes…
-Vous vous y connaissez, en restreinte ? ricana Roy
-Pas tout le monde n’a eu une belle et heureuse vie, rétorqua Noctalis. Il y en a qui doivent se battre
et souffrir pour n’avoir qu’une partie de ce que vous avez eu. »
Avant que Roy ne puisse répliquer, Noctalis entendit un glissement, indiquant que le poids
derrière la porte n’était plus là. Elle ouvrit la porte pour découvrir ce qu’elle supposa être Miguël
avec ses cernes et Albion avec son masque. Au moins, ils avaient chacun leur signe distinctif. Miguël
remarqua calmement en rangeant une lame :
« Tout va bien. Albion va maintenant retourner en prison. Faites en sorte qu’il ne s’échappe pas,
cette fois-ci. Postez un garde devant sa porte. Personne ne pourra venir le voir. Gardez ces
informations pour vous. Je veux savoir qui tentera d’aller le voir, malgré tout. »
Miguël fusilla Albion du regard, l’air de dire qu’il avait intérêt à suivre les ordres, cette fois-ci.
Albion ne pourra plus s’enfuir si facilement. S’il voulait vraiment intégrer la Dark Lunacy, c’était mal
parti. Albion fit quelques pas avant de se retourner et demanda :
« Est-ce que vous laisserez réellement Amon continuer, sans être puni ? Dois-je craindre pour ma vie
même en prison ? Est-ce ainsi que vous traitez vos prisonniers ? »
Miguël ne répondit pas. À trois, ils purent maîtriser Albion, bien que ce ne soit pas
réellement nécessaire. Il était devenu bien coopératif, bizarrement, alors que quelques minutes plus
tôt il s’enfuyait, courait partout et poussait des gens dans les escaliers. Noctalis lui aurait bien
demandé s’il allait bien, mais en vérité elle s’en fichait pas mal. Il s’était échappé pour parler avec
Miguël pour clairement se prendre un refus. Il avait simplement ce qu’il méritait. Il était un
prisonnier qui s’échappe, il avait déjà beaucoup de chances de ne pas être puni ou torturé. Noctalis
se proposa pour prendre le premier tour de garde, ce que personne ne contesta. Elle put donc
écouter Albion marmonner et murmurer ce qui semblait être une prière ou une litanie.


Dernière édition par Azarieth le Mar 18 Juil - 12:00, édité 1 fois
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Azarieth - 18/07/2023 Empty Re: Azarieth - 18/07/2023

Message par Azarieth Mar 18 Juil - 11:59

(Keith)
« Vous êtes ici pour qui ? »
Keith, accompagné de Bianca qui avait sûrement eu pitié de lui, se trouvait dans l’infirmerie.
Il observait à présent l’infirmière blonde, une cigarette à la bouche et une tasse de café à la main.
Keith regarda autour de lui. Il y avait quelques personnes sur les lits. Depuis le temps qu’il voulait y
aller pour aider, mais au final il y venait pour mettre au point ses suspicions. Bianca répondit à sa
place :
« Keith vient voir Drogard. J’ai eu l’autorisation de Miguël en personne, répondit Bianca.
-Ah bon ? Miguël lui a autorisé malgré ses occupations, lui, un nouveau ?
-Il n’est pas si nouveau que ça, apparemment, avoua Bianca. Miguël a assez confiance en lui. »
L’infirmière souffla un nuage de fumée sur Keith, le faisant tousser, le toisant de haut en bas,
et remarqua :
« T’es sûre que le chef t’a juste dis oui par fatigue ou flemme, au lieu de réfléchir ? Ce ne serait pas
impossible. Après tout, il est débordé jusqu’au cou, de ce que j’ai entendu…
-Je sais, mais il a confiance en Keith. Et Keith a besoin de mettre les choses au claire avec Drogard.
-Mouais. Je vais vérifier qu’il est bien attaché avant, alors. »
Pendant que l’infirmière et Bianca réglaient les préparations finales, Keith regarda autour de
lui, tentant de voir à quel point la guilde était dans un sale état. Il y avait plusieurs personnes dans les
lits, dans un sale état. Il y avait même une jeune fille qui ne bougeait pas. Keith se demandait si elle
respirait, mais personne ne semblait s’inquiéter. Elle devait être dans un sacré état pour rester
immobile ainsi. Il y avait également deux adolescents à la peau foncé mais ce qui retint l’attention de
Keith était leurs cheveux bleus turquoise. De la même couleur que…
« C’est bon tout est prêt. »
Keith tourna sa tête vers l’infirmière qui lui faisait signe de la suivre. Il devait détruire tout ce
qui se rapportait aux dieux, tout ce que les dieux avaient créé. Les demi-dieux devaient disparaître.
Keith ferma les yeux. Il avait déjà essayé. Les humains voulaient tout brûler, tout détruire, ce qui
était en rapport avec les dieux. Les magicors étaient leurs alliés et voulaient les sauver. Il avait déjà
essayé de se débarrasser d’un demi-dieux. Il avait détesté. Il regrettait amèrement son geste. Il
détestait ce qu’il devait faire. Mais il devait le faire. Il devait se forcer. Pour l’humanité… Pour que les
humains puissent vivre en paix et soient heureux. Keith devait...
« Keith ? »
Il ne pouvait pas risquer quoi que ce soit. Pas encore. De plus, ces enfants n’étaient pas les
seuls demi-dieux que Keith avait repérés au sein de la guilde. Il y avait beaucoup de potentiels demidieux, que Keith repérait avec les yeux rouges ou les cheveux bleus ou turquoise. Bien sûr, les demidieux ne ressemblaient pas tous à Crépuscule ou Aurore, mais Keith ne connaissait pas beaucoup les
autres dieux. C’était bizarre… Pendant tout ce temps, il n’avait vu qu’un seul demi-dieu, mais la Dark
Lunacy semblait en abriter beaucoup plus. La guilde abritait donc autant de danger ? Des traitres, des
corrompus et des demi-dieux.
Il devait faire le tri parmi les membres de la guilde. Il devait déterminer à quel point la guilde
était corrompue. Il devait découvrir la vérité. Il secoua la tête et affirma en souriant, espérant que
personne n’avait remarqué quoi que ce soit :
« Oui, désolé. J’ai eu un petit moment de distraction. Je suis prêt. Allons-y. »

(Albion)
Albion se réveilla alors qu’il sentait des mains palper son dos. Il se releva d’un coup sec, un
peu trop rapidement. Il s’assit rapidement sur les marches de l’escalier alors que l’homme lui
remarqua :
« Reposez-vous. Vous êtes blessé au dos et cette chute était violente. Il faut que vous alliez à
l’infirmerie.
-Non, refusa Albion. Il faut que j’aille voir Miguël.
-Miguël ? Pourquoi ?
-Je dois lui parler.
-Vous n’êtes pas en état…
-Je sais, mais je… préfèrerais lui parler maintenant. »
Il n’avait plus beaucoup de temps avant d’être reconnu et emprisonné. Il n’aura plus
l’occasion de parler à Miguël. Il sera sûrement sous une surveillance plus serrée, peut-être même
qu’il devra retourner en prison. Il devait voir Miguël le plus rapidement possible. L’homme
demanda :
« Vous êtes sûr ? Vous n’êtes pas vraiment…
-Je sais, mais c’est maintenant ou jamais.
-Très bien, je vais vous aider, dans ce cas. Et après, je vous emmène à l’infirmerie.
-D’accord.
-Comment vous appelez-vous ?
-Albion.
-Je m’appelle Grégor. »
Albion suivi Grégor en silence, regardant autour de lui, nerveux. Il ne manquerait plus qu’un
groupe de membres de la guilde, alerté de son escapade, se pointe pour l’enfermer. Grégor saurait-il
les convaincre ? Albion secoua la tête. Grégor ne le connaissait pas, pourquoi prendrait-il sa
défense ? Albion remarqua :
« Peut-on se dépêcher ?
-Et risque d’empirer votre situation ?
-Le plus longtemps je reste sans les soins de l’infirmerie, plus ça empire, contra Albion.
-Hm, bon. »
Grégor pressa le pas. Juste au moment où ils remontaient des escaliers, Albion vit des
silhouettes apparaître là où ils étaient que quelques secondes plus tard. Ils devaient vraiment se
dépêcher. Alors qu’ils arrivèrent en haut des escaliers, Albion demanda :
« On est bientôt arrivé ?
-Oui. Il faut juste continuer tout droit, dépasser le deuxième escalier qui descend à la taverne,
prendre la première à droite, et c’est la porte au fond. Ce n’est pas loin.
-Super, merci. »
Albion jeta un coup d’œil dans les escaliers. Il reconnut l’homme au pistolet, accompagné
d’un… d’une bête. Albion n’avait aucune idée de ce que c’était. Son animal de compagnie, peutêtre ? Ils montaient les escaliers, près à l’enfermer. Albion ne se laisserait pas faire, pas tout de suite.
Il tira Grégor par le col, le prenant par surprise et le poussa dans les escaliers, surprenant tout le
monde qui dégringola avec lui.
Albion s’était acheté assez de temps. Il courut en suivant les indications données par Grégor.
Il ouvrit la porte et la referma rapidement derrière lui. Il se retourna pour se plaquer rapidement
contre la porte, une lame appuyée contre sa gorge.
« Tu as deux secondes pour me donner une bonne raison de ne pas te tuer sur-le-champ.
-J’ai été empoisonné par deux fois et vos infirmiers m’ont sauvé la vie par deux fois. J’aimerais bien
que vous arrêtiez le coupable.
-Tu viens prendre une revanche ?
-… En quelques sortes. »
Miguël le toisa durement, appuyant la lame un peu plus sur sa gorge. Albion crut qu’il n’allait
pas l’écouter, préférant le tuer pour s’être échappé. Miguël finit par s’écarter un peu, le laissant un
peu plus respirer. Il demanda :
« Comment t’es-tu échappé ?
-On m’a aidé mais je ne saurai dire qui c’est.
-C’est bien pratique, ça, marmonna Miguël. Un membre de la guilde ?
-Je ne saurais dire. Comptiez-vous punir quelqu’un qui s’en prend à quelqu’un sans défense ?
-Oui, c’était sur ma longue liste. J’avais d’autres priorités, mais je suppose que tant que tu es là.
Raconte.
-Amon Knightlord. Je l’ai connu lorsque nous étions tous les deux à la Cabale…
-Attends… Tu veux dire que c’est Amon qui t’a empoisonné ?
-Oui, par deux fois. Il veut se venger car j’ai tué sa femme et son fils.
-Pourquoi ?
-Obtenir des réponses ou un aveu. Les preuves indiquaient qu’il fraudait, utilisant l’argent pour son
propre profit.
-C’est un peu… excessif.
-C’est ainsi que fonctionne la Cabale. Je n’en suis pas spécialement fier.
-Que s’est-il passé par la suite ?
-Je l’ai relâché. Malgré les preuves, il n’avouait rien malgré… la torture. Toutefois, avant même que je
puisse sortir, Amon a tenté de se venger en utilisant des prototypes de potions. Les dieux en ont
décidé autrement et m’ont sauvé du destin qu’Amon avait prévu. Toutefois, Amon a été puni par son
acte. J’ai réussi à m’échapper de l’explosion, mais je suis le seul survivant… Enfin, c’est ce que je
pensais. Amon a apparemment réussi à survivre.
-Je savais qu’Amon travaillait pour la Cabale dans les laboratoires. Il a une bonne raison de t’en
vouloir.
-En effet, remarqua simplement Albion. Toutefois, ce sera sûrement entre moi et lui.
-Si je dois choisir entre un officier de la Cabale qui ne semble pas avoir de loyauté envers sa guilde et
un membre de ma propre guilde qui n’a rien fait de mal à part tenter de venger sa famille en tuant
leur meurtrier, le choix est vite fait.
-Je ne faisais que mon travail, que ce que Crémobeurre me demandait. C’est justement à cause de ce
genre de travail, entre autre, que travaille pour la Cabale ne me plaît pas.
-Je parlerais à Amon. Mais si vous ne pouvez pas travailler ensemble…
-J’ai compris. »
Miguël s’écarta et Albion put s’écarter de la porte. La porte s’ouvrit sur les poursuivants
d’Albion. Miguël remarqua :
« Tout va bien. Albion va maintenant retourner en prison. Faites en sorte qu’il ne s’échappe pas,
cette fois-ci. Postez un garde devant sa porte. Personne ne pourra venir le voir. Gardez ces
informations pour vous. Je veux savoir qui tentera d’aller le voir, malgré tout. »
Albion ne dit rien, se contenant de regarder Miguël qui le fusillait du regard. Il avait sûrement
des bleus, sa plaie au dos rouverte et il ne serait pas étonnant de découvrir que son poignet était
tordu. L’adrénaline l’empêchait de réellement apprécier l’étendu des dégâts de son corps après cette
course-poursuite. Albion demanda :
« Est-ce que vous laisserez réellement Amon continuer, sans être puni ? Dois-je craindre pour ma vie
même en prison ? Est-ce ainsi que vous traitez vos prisonniers ? »
Miguël ne répondit pas. Albion se laissa emmener. Il retournait en prison, dépité, sans avoir
pu changer quoi que ce soit. Aurait-il dû chercher Amon, au lieu de Miguël, pour le tuer, pour
prouver qu’il était le plus fort ? Les dieux pourront-ils le pardonner pour avoir échoué si
lamentablement ? Il pria calmement aux dieux. Il pria pour qu’Amon soit puni. Il pria surtout pour
qu’il soit puni pour ne pas être à la hauteur. Il avait échoué. Il devait être le plus fort, le plus
valeureux. Il devait être à la hauteur des dieux.
Il avait échoué. Il s’imaginait bien Amon qui rigolait, qui se moquait. Et il avait raison car il
avait échoué. Il devait être le plus fort. Il devait montrer aux dieux qu’il était loyal et à la hauteur de
leurs attentes. Ses poings fut enchaînés aux murs tandis que ses pieds étaient liés. Il ne pouvait pas
bouger d’un millimètre. Il n’avait pas besoin de bouger pour prier et réciter les neufs principes qui
devaient dicter sa vie, sa façon de penser et d’agir, qui le guidait pour montrer et prouver sa valeur
aux dieux.

(Keith)
Keith entra dans la pièce où était enfermé Drogard et referma la porte derrière lui. Il ne
bougea pas pendant un moment, se contentant d’observer l’homme qui était immobilisé. Il avait les
mêmes cheveux châtains, et il lui ressemblait peut-être physiquement, mais le Drogard qu’il
connaissait avait les deux yeux bleus, pas qu’un seul. De plus, l’homme qui lui faisait face était plus
froid et calculateur que le Drogard qu’il connaissait. Et surtout plus, beaucoup plus cruel. Ou peutêtre le connaissait-il mal ? Après tout, il ne l’avait connu que pour peu de temps… Enfin par rapport à
son espérance de vie.
Il soupira. À quoi pensait-il ? Peu de personne pouvait vivre si longtemps. Les seuls immortels
que Keith connaissait étaient les demi-dieux. Il se demanda soudainement si Miguël était un demidieu. Cela expliquerait beaucoup de choses. Dans tous les cas, l’homme qu’il observait n’était pas le
Drogard qu’il connaissait, malgré le même nom et la quasi-ressemblance. Peut-être était-ce un
descendant de Drogard, peut-être pas, mais dans tous les cas, ce n’était sûrement pas le Drogard
qu’il avait connu. Il tritura la boucle d’oreille qu’Ève lui avait donnée avant leur voyage au
Konglomérat dans sa poche. Il n’avait jamais voulu la porter. Il avait préféré la garder, au cas où il
pourrait la lui rendre… Ou en tout cas la rendre à celui qu’elle aimait, Drogard. Il l’avait gardé depuis
trop longtemps. Ils étaient morts tous deux depuis longtemps.
Keith finit par se faire une raison et s’approcha. Il demanda :
« Est-ce vous qui avez empoisonné Albion ?
-… Hein ? Qui ?
-Le… L’officier de la Cabale.
-… Le masqué, c’est ça ?
-Oui, je crois.
-Tu crois ? Tu ne sais même pas qui tu m’accuses d’avoir empoisonné ? »
Silence. Keith se dandinait sur place, mal à l’aise. Il n’avait jamais vu Albion. Il ne pouvait pas
affirmer avec assurance qu’ils parlaient de la même personne. Il resserra son écharpe autour de son
cou et son menton puis marmonna, sa bouche enfouie dans les tissus de l’écharpe :
« Répondez juste honnêtement à la question, s’il vous plaît.
-Parle plus fort. J’entends rien.
-Répondez, répéta Keith. L’avez-vous empoisonné ?
-Non. »
Keith hocha la tête. Cet être avait beau être psychopathe et cruel, Keith le croyait. Pourquoi
mentirait-il ? De plus, il avait demandé à l’infirmière avant d’entrer. Il n’avait pas bougé de là, le soir
où Albion avait été empoisonné. Ça ne pouvait pas être lui. Amon avait donc menti. Il aurait pu
mentir sur autre chose. Il aurait pu mentir sur tout. C’était Amon le problème, visiblement. Était-ce
pour ça qu’il avait insisté pour que Keith dise qu’ils avaient été ensemble toute la soirée ? Il devait
parler à Miguël et le prévenir.
Il ressortit. L’infirmière demanda :
« Alors ?
-Ce n’était pas celui que je croyais. Désolé pour le dérangement.
-Pourquoi croyiez-vous que vous le connaissiez ?
-Il a le même nom qu’un… ami de la fac.
-Drogard… C’est plutôt rare comme prénom.
-Oui… Mais l’homme que j’ai connu n’était pas comme ça… physiquement et mentalement.
-Hm. »
Keith salua l’infirmière mais s’arrêta au milieu de l’infirmerie en observant encore une fois
les jumeaux. L’infirmière marmonna :
« Ah, les adolescents. Je sais pas ce qu’ils ont foutu, mais ils sont dans un sacré pétrin…
-Ils sont… adolescents ?
-Oui. Ça ne se voit pas avec l’effet Jovénia, mais ils sont encore jeunes et cons. Je suppose qu’avoir
Mono comme mère n’arrange pas grand-chose. » ricana l’infirmière
Ils ne pouvaient pas être des demi-dieux, dans ce cas, si ? Étaient-ils coincés tous les deux à
l’adolescence depuis le départ des dieux ? S’ils avaient une mère, ils étaient vraiment des
adolescents, non ? Étaient-ils vraiment des demi-dieux ? Peut-être ne l’étaient-ils pas, malgré leur
physique. Keith détourna le regard et remarqua simplement :
« En espérant qu’ils récupéreront rapidement.
-Malgré la merde qu’ils ont faite ?
-Quoi qu’ils aient fait, je ne souhaite la souffrance et la mort à personne. »
L’infirmière renifla, visiblement sceptique de ce que Keith avait dit. Elle le jugeait très fort,
clairement. Malgré tout, elle se contenta de marmonner :
« Chacun ses opinions. »
Keith jeta un dernier coup d’œil aux jumeaux. Tout lui indiquait qu’ils étaient des demi-dieux.
Il finit par s’en aller, se forçant à avancer. Il avait pu voir une partie de leur pouvoir lors du combat
sur le bateau. Ils étaient puissants, Keith le savait. S’il devait les tuer, c’était maintenant, alors qu’ils
étaient affaiblis. Ils étaient sûrement des mages ou des magicors. Ils ne pouvaient pas être si jeune et
être des demi-dieux. Keith allait sortir définitivement mais il finit par se retourner et remarqua à
l’infirmière :
« Vous savez… J’ai une formation en médecine… Je peux peut-être vous aider. J’aimerais bien vous
aider.
-Vous ne semblez pas vous décider, mon cher. »
Keith se retourna soudainement. Il n’avait pas vu l’homme qui se tenait sur le pas de la porte,
une canne sous le bras. L’infirmière fronça les sourcils. Elle ne le connaissait pas plus que Keith,
visiblement. Ce que Keith trouvait bizarre était ses yeux entièrement blancs. Il était aveugle et
pourtant il regardait tout le monde comme s’il voyait. L’homme remarqua en souriant :
« Je m’appelle Laz. Miguël a fait appel à moi pour mes services. Je voulais faire un tour avant de venir
le voir. Je voulais voir un peu quel était la situation, exactement. Pour que le grand Miguël fasse
appel à moi… Et pour ce qui est de tes questions, mon cher… Keith, je suis télépathe. Je sais où tout
le monde est, ce qu’ils pensent et ce qu’ils savent. Ne vous en faites pas, je n’ai pas besoin de fouiller
vos esprits. Vos secrets sont sûrs… Si vous ne me donnez pas une raison de les dénicher. »
Laz prit soudain sa canne dans sa main et la frappa contre le sol. Il affirma :
« Mademoiselle Aria, je peux vous assurer, en tant que télépathe, que Keith ici présent ne ment pas.
Il veut sincèrement aider, et peut vous être un atout, à toute votre guilde, autant à l’infirmerie qu’en
combat. Toutefois, j’aimerais lui parler, seul à seul. »
Laz sortit de l’infirmerie aussi vite qu’il était venu. Keith jeta un coup d’œil à l’infirmière puis
sortit également, confus. Que lui voulait Laz ? Keith ne le connaissait pas et ne savait pas ce qui
pouvait lui valoir un tête à tête avec ce curieux personnage. Était-ce à cause de ce qu’il avait pensé ?
Est-ce que Laz savait quelque chose ?
« Oui, j’en sais des choses. Sur toi. Sur tout le monde. »
Keith sursauta en entendant la voix de Laz. Il fronça les sourcils et s’écarta de l’homme.
« Je ne suis pas un homme.
-Que…
-Ni une femme. Je suis juste… moi. Tu ne trouves pas que je ressemble ni vraiment à une femme, ni
vraiment à un homme ? demanda Laz en faisant la moue
-Je… C’est… »
C’est vrai que Laz était aussi charmeur qu’un homme mais aussi gracieux qu’une femme.
« Merci, remarqua Laz. Mais je ne t’ai pas pris à part pour parler de moi.
-Alors… Pourquoi…
-Je t’ai… hm… entendu, disons, dans l’infirmerie. À propos des jumeaux.
-Je ne…
-Tu te trompes. Ils sont bien des demi-dieux.
-Que… Quoi ?
-Oui, oui. Des demi-dieux. Et ils ne sont pas les seuls au sein de la guilde. Tu ne sais juste pas très bien
chercher, c’est tout. La question est : serais-tu capable d’aller jusqu’à tuer ?
-Je…
-Tu vois, de toute ton existence, c’est la seule chose qui te manque : la détermination, la motivation.
Tu veux faire plaisir, tu veux obéir, tu veux rendre un service aux humains. Mais comment peux-tu le
faire si tu es incapable d’accomplir cette simple tâche ?
-Simple ?
-Oui, simple. Tu prends un couteau et tu vises… »
Laz enfonça son doigt sur le torse de Keith, au niveau du cœur, puis des poumons, puis dans
le cou de Keith, sur le côté, au niveau de la carotide, puis de la jugulaire, et enfin sur son visage, au
niveau de la tempe. Il continua :
« … les points vitaux de l’organisme. Ce n’est pas compliqué. Ce n’est jamais compliqué. La seule
chose qui est trop complexe est la détermination. »
Laz se mit à tourner autour de Keith, comme un chat jouant avec sa proie. Laz susurra :
« Si tu étais vraiment déterminé, tu aurais tué Amyr, sans hésiter. Si tu étais vraiment déterminé, tu
ne te serais jamais laissé sombrer dans les drogues et l’antimag. Tu ne veux pas servir l’humanité. Tu
ne veux pas vraiment les rendre heureux et paisible. Tout ce que tu veux, c’est ta paix, à toi. Les
humains t’ont toujours pris pour acquis, pour leur simple serviteur, leur simple toutou. Même ton
père ne t’a jamais aimé. Tu n’étais qu’un simple serviteur. Toute ta vie. Un serviteur pour ton père,
pour qu’il ait moins de responsabilités. Un serviteur pour l’humanité pour régler leurs problèmes à
leur place. Un serviteur pour ton frère pour qu’il se sente moins seul. Et toi ? Qu’en est-il ? »
Laz s’arrêta face à Keith, plongeant son regard blanc dans les yeux de Keith. Keith aurait
voulu s’écarter ou détourner le regard, mais il ne pouvait pas. Il était subjugué par les paroles de Laz.
« Tu dois trouver cette détermination. Tu le dois. Pour l’humanité. Pour ces humains que tu as
toujours servis. Ton père et ton frère ne sont plus là pour te guider. Sans eux, tu n’es personne. Tu
n’es qu’une coquille vide, sans but. Tuer est parfois la seule solution. Tu dois le savoir, non ? Toi qui
as fait une formation en médecine. Tu dois savoir quand il faut sauver et quand il faut tuer. Tu as
passé ta vie à te décider quoi faire. Il est temps de le faire. Décide-toi. »
Keith ne savait pas quoi répondre. Tuer ? Il ne voulait pas tuer. C’était mal. Très mal. Il…
« Tuer n’est pas forcément mal, affirma Laz en prenant le visage de Keith entre ses mains. Quand un
mal ronge une partie du corps, que fait-on ? Hm ?
-On… Si… Si la guérison est impossible, il faut amputer…
-Amputer ! Oui. Donc, si le mal ronge le monde, si les dieux, disons, rongeaient le monde, que doiton faire ?
-… É… Éliminer…
-Oui. Éliminer la menace. Éliminer le mal. Les demi-dieux sont la création des dieux. Il faut donc les
éliminer. Ce qui veut dire…
-Il… Il faut les tuer. »
Keith n’arrivait pas à détourner le regard. Il n’arrivait pas à savoir si le télépathe usait de sa
magie pour l’influencer ou si Keith pensait réellement…
« Je ne te fais rien, promis, remarqua Laz en s’écartant, levant les mains en signe de paix. Je ne fais
que t’aider dans la bonne direction.
-La bonne direction ? répéta Keith, perplexe
-Oui. La bonne direction. C’est à cause des dieux que le monde est ainsi, que le monde est cruel.
Avant leur départ, il n’y avait pas de problèmes car ils réglaient tout par eux-mêmes. Mais à présent ?
Ils nous ont laissé, livré à nous-même. Dis-moi, mon cher Keith, les crimes, la souffrance, la pauvreté,
les meurtres, les guerres, le harcèlement, les agressions, les vols, la drogue, tous ces malheurs,
toutes ces atrocités… Est-ce qu’il y en avait beaucoup avant le départ des dieux ?
-Non, pas que je sache.
-La présence des dieux était donc bénéfique ?
-Oui, mais…
-Mais ils sont quand même partis malgré tout. Leur absence a laissé un vide qu’il faut combler.
-Combler ? Avec quoi ?
-Quelqu’un. Ou… Quelque chose. Comme la haine envers eux. Sauf que la haine est un mauvais
sentiment. C’est un sentiment violent qui vient de la peur et de la colère. Mais si tu détruis, si tu
élimines tout ce qui rappelle les dieux, les artéfacts, les temples, les ruines, leurs engeances, la haine
finira vraiment par disparaître. Et il n’y aura plus que la paix. Tu dois le faire avant qu’il ne soit trop
tard. Avant que la haine ronge entièrement ce monde. N’ait pas peur de tuer. Ceux qui t’empêche
d’accomplir ta tâche sont des fidèles des dieux, des croyants. Ils sont corrompus.
-Mais… C’est…
-C’est la vérité. Tu le sais. Au fond de toi, tu sais que la seule solution est de tuer. Mais tu as peur.
C’est pour cela que tu n’arrives pas à te décider, que tu n’arrives pas à trouver la détermination
d’aller jusqu’au bout. Ta peur, ta naïveté, ton empathie, ce ne sont pas des sentiments que tu dois
avoir. Tu le sais. Tu dois rester neutre et accomplir ton devoir sans fléchir.
-Je… Je dois réfléchir. Je…
-Prends ton temps. Mais pas trop. Si tu traînes trop, ce sera trop tard. Les créations des dieux
n’attendent pas et deviennent plus puissantes avec le temps. Les humains seront trop faibles pour
résister à leur emprise. »
Keith ne savait pas où donner la tête. Les paroles de Laz sonnaient justes. Keith savait qu’il
avait raison, au fond de lui, mais il avait comme l’impression d’avoir appris une leçon trop
compliquée, trop dur pour lui. Laz sourit puis le prit dans ses bras. Laz murmura à son oreille tout en
lui caressant les cheveux :
« Fais-le. Tu rendras service. N’aie pas peur. La peur ne fait que te paralyser. Nous avons besoin de
quelqu’un comme toi, prêt à se sacrifier.
-Se… Me sacrifier ?
-Évidemment. Tu es un demi-dieu, toi aussi, non ? Ne t’en fais pas. Je sais que tu sauras prendre la
bonne décision. Je sais que tu sauras, éventuellement, continuer de servir l’humanité. N’as-tu pas
l’habitude de régler tous les problèmes de l’humanité ? Délivrer la sentence, punir les coupables,
aider les faibles. Tu as toujours pris les décisions dures. Tu dois apprendre à continuer sans la
supervision de ton père. »
Laz finit par s’écarter et s’en alla, comme si de rien n’était, laissant Keith seul, au milieu de la
cour. Le cœur de Keith battait la chamade. Il avait l’impression que sa tête allait exploser. Il n’avait
pas l’habitude d’avoir affaire à des télépathes. Toutefois, Laz n’avait rien dit de faux. Au contraire, le
télépathe avait simplement forcé Keith à voir ce qu’il se refusait d’admettre. Keith venait de se faire
mâcher le travail. Un inconnu l’avait forcé à voir l’évidence, l’avait forcé à prendre une décision.
Allait-il l’écouter ? Il devait faire un choix.
Soit il réfléchissait sur le court-terme et pensait à la guilde et à sa cohésion. Dans ce cas-là, il
ne tuait pas. Il aidait simplement ceux qui avaient besoin de lui. Il guérissait et protégeait. Il obéissait
à Miguël. Mais dans ce cas-là, les demi-dieux vivraient et pourraient causer des ravages. Il en causait
bien lui, des ravages, des catastrophes. Pourquoi pas les autres ? Le monde tomberait dans le chaos.
Soit il réfléchissait sur le long-terme et pensait au monde en général. La guilde finirait pas se
détruire ou se dissoudre. Comme toute chose, il y aurait une fin. Mais le monde, l’humanité, devait
continuer, devait persévérer. Comment faire si les demi-dieux étaient toujours là pour tout détruire,
pour rappeler à tous que les dieux les avaient abandonnés ? Mais s’il décidait ça, il devrait aussi se
décider à tuer.
Il ferma les yeux et revit tous les corps calcinés, tous les corps carbonisés. Serait-il capable
d’aller jusque-là ? Serait-il capable de ces atrocités ? Les paroles de Laz résonnèrent dans sa tête.
« Tu es un demi-dieu, toi aussi, non ? Tu n’es qu’une coquille vide, sans but. Tuer est parfois la seule
solution. »
Il devait mourir. Il devrait mourir. Autant aller jusqu’au bout et faire les choses bien, non ?
Les demi-dieux devaient mourir. Tous. Ils devaient tous mourir. Pour le bien de l’humanité. C’était la
dernière tâche que Keith devait faire. La toute dernière. Tant pis s’il devait commettre des atrocités.
Tant pis s’il devait être horrible.

(Noctalis)
« Bonjour. »
Noctalis observa son interlocuteur. Comment avait-il fait pour jusqu’ici, elle ne saurait
jamais, mais ce qui était sûr c’est qu’elle ne pouvait pas le laisser se promener impunément de la
sorte.
« Oh, ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas ici pour les problèmes. Je viens de parler à un gentil petit
elfe. Ça m’a distrait un peu. Il était marrant. »
L’homme reporta son regard blanc sur Noctalis et sourit. Il remarqua :
« Je m’appelle Laz. Je suis venu à la demande de Miguël, mais il semblerait que je me sois perdu.
-Remontez les escaliers et…
-Je ne veux pas de directions, mais d’un guide, la coupa Laz. N’est-ce pas évident ? Je ne pourrais pas
aller bien loin avec seulement des instructions.
-Je ne peux pas être votre guide, mais si vous remonter les escaliers pour demander de l’aide, je suis
sûre que quelqu’un vous aidera à trouver Miguël.
-Hm. Et où sommes-nous, ici ?
-La prison.
-Ah, je vois. Les prisonniers. Qu’ont-ils fait ?
-Ça ne vous regarde pas.
-La trahison. Je vois. »
Noctalis fronça les sourcils. Comment avait-il pu…
« Télépathe, ma chère. C’est d’autant plus facile pour moi de poser les questions pour que vous
pensiez, au moins un tout petit peu, à la véritable réponse. Plus vous tentez de cacher un secret, plus
je voudrais le découvrir. Je connais tout sur quelqu’un simplement… »
Il claqua des doigts.
« … Comme ceci. Je sais que tu as été un monslave, torturée et forcée à combattre contre ton gré,
comme je sais que le prisonnier que tu surveille a été aux deux extrémités, tortionnaire et torturé,
comme je sais également que celui de la geôle d’en face s’inquiète pour sa très cher fille. Je sais
tout. »
Il se pencha et murmura à l’oreille de Noctalis :
« Je sais aussi que ta loyauté envers la Dark Lunacy n’est pas sans faille. Certes, tu leur es redevable,
mais tu verras, tôt ou tard, que tu n’es pas à ta place. Ici ou ailleurs. »
Il s’écarta et remarqua d’une voix joviale :
« Après tout, tu portais une cape pour une bonne raison, non ? »
Il la salua de la main en remarquant :
« Et pourquoi tout le monde pense que je suis un homme ? Je n’ai pas demandé à naître ainsi. »
Noctalis resta sans voix. Que devait-elle penser de cette rencontre ? Devait-elle le croire, ou
l’écouter ? Devait-elle signaler sa présence à Miguël ? Serait-ce nécessaire ? Après tout, il avait bien
dit que c’était Miguël qui l’avait convoqué, mais avait-il le droit d’être ici ? Elle ne pouvait pas
vraiment quitter son poste. Elle observa Albion, dans sa cage. Il n’arrêtait pas de réciter… peu
importe. Noctalis ne savait même pas s’il avait remarqué la visite de Laz. Au début, elle avait pensé
qu’il récitait quelque chose pour un sort, mais cela faisait déjà plusieurs heures et rien ne se passait.
Qu’importe, il faisait ce qu’il voulait tout durant qu’il ne la gênait pas. Elle s’assit à même le
sol, dos à la porte. Au moins, elle avait quelque chose à faire et du temps pour réfléchir. Réfléchir au
futur, à son futur et au futur de la guilde. Elle ne connaissait presque personne. Pour le peu qu’elle
connaisse, c’était un magicien raté, un ivrogne, des psychopathes, des traitres ou un vieux raciste.
Quelle belle image de la guilde !
Qu’est-ce que Noctalis devait faire ? Rester pour les aider ou partir avant que la situation ne
s’aggrave ? Elle soupira. La décision était rapide. Il valait mieux rester, pour l’instant. Que ce soit pour
elle ou pour la guilde.

(Keith)
Il observait les jumeaux, de près, cette fois-ci. Il observait également leur soi-disant mère. Il
se demandait ce qui lui passait par la tête, à Mono, pour avoir adopté des demi-dieux. Était-ce pour
l’argent et le pouvoir ? Pourquoi une humaine aurait adopté des demi-dieux alors que les humains ne
voulaient rien à voir avec les dieux ? Peut-être que ces adolescents l’avaient manipulé. Peut-être ne
savait-elle pas qui ils étaient réellement. Dans tous les cas, elle ne pouvait pas les aimer pour ce qu’ils
étaient réellement. Elle ne pouvait pas. Sinon, ça voudrait dire que les humains acceptaient la
présence des dieux. Et, dans ce cas-là, à quoi servait-il ?
Il soupira. C’était si compliqué. Sa tâche était si compliquée. Il secoua sa tête pour se dégager
les idées. Il était retourné à l’infirmerie pour aider. Il faisait du mieux qu’il pouvait, malgré son
manque d’adresse. Surtout que ça faisait plusieurs siècles, voire un millénaire ou deux, qu’il avait eu
sa formation en médecine. Il faisait du mieux qu’il pouvait malgré tout. Aria lui donnait les choses
simples et sans importance à faire, mais ça lui convenait. Il voulait juste aider.
S’il voulait aider, il devait tuer les demi-dieux. Il devait tuer… Il détourna les yeux. Il n’était
pas assez décidé. Il n’était pas assez déterminé. Il devait le faire, pourtant. Qu’importe son destin ou
les conséquences. Qu’importe s’il était horrible et méchant.
S’il aidait en tuant, pourquoi était-ce si dur ? Était-ce à cause de la présence de la personne
qui veillait sur eux, qui ne quittait par le chevet des jumeaux, malgré son apparence rustique et
bizarre ? Mono n’était pas leur mère. Ils ne formaient pas de famille. Il ne pouvait pas y avoir
d’amour entre eux. Comprendrait-elle que les deux adolescents devaient mourir ?
Keith finit par se détourner et continuer d’aider Aria. Il y avait beaucoup à faire, entre
soigner les grands et les petits blessés, surveiller ceux qui pouvaient poser un certain danger, ranger
et faire l’inventaire du stock. Au final, quand il eut finit, il faisait nuit, il avait faim et il était fatigué.
Aria lui ordonna avant qu’il puisse protester ou essayer quoi que ce soit :
« Aller, va dormir ! Tu tiens à peine debout.
-Ce n’est pas la raison…
-Ouais, c’est ça. Aller. Manquerait plus que je doive m’occuper de toi. »
Keith sortit. Dehors, l’air frais lui fit un bien fou. Il eut soudain l’esprit un peu plus limpide.
Techniquement, il ne s’était rien passé. Il n’y avait pas eu d’action, rien. Mais ces dernières heures
avaient été dures pour Keith, entre Drogard et la découverte de la duperie d’Amon, Laz et ses
paroles dures mais vraies, puis aider à l’infirmerie qui n’avait pas été de tout repos, Keith n’en
pouvait plus. Il devait malgré tout au moins avertir Miguël de ce qu’il savait sur Amon. C’était la
moindre des choses. Mais Miguël était-il toujours debout ? Et, surtout, Keith saurait-il retrouver le
chemin vers son bureau ? Il devait trouver Miguël… Ou au moins Bianca. Elle saurait l’aider.
Il se mit en route. Même si la guilde prendrait fin, un jour ou l’autre, dans une semaine ou un
millénaire, ça ne pouvait pas l’empêcher d’aider dès qu’il pouvait. Il n’oubliait pas le fait qu’il devait
tuer les jumeaux, mais visiblement il devra attendre. Peut-être se laissait-il trop aller. Peut-être étaitil trop serviable. Mais au fond, il n’était pas contre un sursis, pour au moins réfléchir. Il ne voulait pas
tuer. Il ne voulait vraiment pas. C’était mal. Tout le monde méritait de vivre. Tout le monde. Mais les
demi-dieux devaient quand même mourir pour le bien de l’humanité. Ils devaient se sacrifier. Le
temps des dieux étaient révolu depuis bien trop longtemps.
Il finit par entrer dans un bâtiment au hasard et monta les escaliers. Alors qu’il s’apprêtait à
entrer au hasard ans une pièce, il entendit Miguël l’appeler depuis l’autre bout du couloir :
« Keith ? Qu’est-ce que tu fais ?
-Euh, je te cherchais.
-Ah. Pourquoi ?
-J’ai quelque chose à te dire, à propos d’Amon. Je… Je ne sais pas si tu le connais.
-Amon Knightlord. Je connais tous les membres de la guilde, Keith. Je suis le chef, après tout.
-Certes, oui.
-Eh bien ?
-C’est… Euh… Je pense que c’est lui qui aurait empoisonné Albion. Le soir de son empoisonnement il
est venu me voir… alors que je ne le connais pas pour insister sur le fait qu’on s’était vu et qu’on était
resté ensemble. J'avais trouvé ça bizarre mais je voulais aider alors j’ai accepté… Mais si c’est
vraiment lui l’empoisonneur… En plus, il m’a menti et a sous-entendu que non seulement Drogard
aurait empoisonné Albion, ce qui est impossible vu qu’il est emprisonné, mais également que la
guilde était rempli de traitres et de corrompu. Je… Je l’ai cru, au début. Mais quand j’ai su qu’il avait
menti à propos de Drogard…
-Je vois. Merci, Keith.
-Tu… Tu ne sembles pas surpris ?
-À vrai dire, Albion est déjà venu plus tôt aujourd’hui pour me dire la même chose. Il s’est échappé
pour venir me voir et me dire ça. Il est de retour en prison mais tu ne fais que confirmer ce qu’il a dit.
Au moins, on peut accuser Amon avec des preuves… plutôt solides, je suppose. »
Miguël se pinça l’arête du nez en soupirant, visiblement au bout de sa vie. Keith demanda :
« Tu prends soin de toi ?
-Pas vraiment, mais j’ai pas le choix. Désolé, Keith, je prendrais bien un verre avec toi ou quelque
chose, mais je n’ai pas le temps, là. Une autre fois.
-D’accord. »
Miguël s’en alla d’un pas pressé, laissant Keith seul. Il ne savait même pas où il était dans le
QG. Par où devait-il aller ? Comment pouvait-il rejoindre l’infirmerie ? Devait-il commencer
maintenant ou dormir pour réfléchir à tête reposée ? Laz avait pourtant raison. Il devait arrêter de
tourner autour du pot et agir. Tout le monde avait le droit de vivre, mais les demi-dieux devaient
mourir pour le bien de l’humanité. C’était ainsi.
Il devait tuer les jumeaux maintenant, pendant qu’ils étaient affaiblis, au milieu de la nuit,
pendant qu’il y avait peu de monde réveillé. Pour ça, il devait retrouver l’infirmerie, ce qui n’était pas
gagné. Il pesta, maudissant son sens de l’orientation et sa mémoire pire que médiocre. Il finit par
s’endormir, à même le sol, alors que le jour pointait à l’horizon, sans avoir trouvé l’infirmerie malgré
sa détermination pour enfin en arriver à bout de son objectif.
Azarieth
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